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Pour Jacques Attali, notre système est "un avion qui n'a pas de cabine de pilotage"

Jacques Attali, écrivain, professeur, chef d'entreprise et fondateur d'ONG français. [AFP - Alain Jocard]
Est-ce qu'un monde bienheureux est à notre portée? Interview de Jacques Attali / Tout un monde / 11 min. / le 9 novembre 2023
A l'occasion de la sortie de son nouveau roman, l'écrivain Jacques Attali a livré à Tout un monde sa vision du système dans lequel nous vivons, qu'il a comparé à "un avion qui n'a non seulement pas de pilote, mais en plus pas de cabine de pilotage". L'auteur a plaidé pour une coopération mondiale notamment sur le climat.

L'auteur français Jacques Attali, par ailleurs chef d'entreprise et ancien conseiller spécial du président François Mitterrand, était l'invité jeudi de l'émission Tout un monde dans le cadre de la sortie de son nouveau livre "Bienheureux soit notre monde", aux éditions Flammarion.

Le roman dystopique décrit "une période à la fois très proche dans le temps et extrêmement vraisemblable par ses événements, mais en même temps absolument cataclysmique comme changement par rapport à aujourd'hui", a résumé l'auteur au micro de la RTS.

"Nous vivons une époque d'accélération extrême de l'histoire où peuvent se cristalliser des changements qui pourront être déterminants pour les cinquante prochaines années. J'ai voulu montrer ce qui était possible de voir arriver et, en réponse, ce que certains extrémistes - dans le bon sens du terme - peuvent essayer de faire pour changer cela", a-t-il poursuivi.

Le livre s'interroge ainsi sur la possibilité de changer le monde et tente d'esquisser les manières de le faire. Selon Jacques Attali, cela passe par l'action politique et par l'action personnelle.

Un système "plus du tout maîtrisé"

L'écrivain estime qu'il n'existe pas réellement de "sombre identifiable". "D'une certaine façon, les sombres représentent chacun d'entre nous, dans nos comportements quotidiens à l'égard de nos proches, de nos voisins, dans ce que nous consommons et ce que nous achetons. Il y a plein de choses qui font de nous des sombres et qui font que nous devons agir contre nous-mêmes si nous voulons gagner cette bataille", a-t-il souligné.

Le manque de pouvoir des dirigeants est notamment critiqué par le roman. "Nous sommes dans un système énorme, plus du tout maîtrisé, sur lequel il n'y a personne qui a un réel pouvoir. Nous sommes dans un avion qui n'a non seulement pas de pilote, mais en plus pas de cabine de pilotage et, d'une certaine façon, pas de moteur. Une sorte de planeur pris dans la tempête", a insisté Jacques Attali.

A ses yeux, il faut désormais créer cette "cabine de pilotage" à l'échelle mondiale, à la manière de qui se fait dans le sport, sur des thématiques telles que la santé, le désarmement ou le climat.

Un monde bienheureux possible

Pour Jacques Attali, un monde bienheureux, "altruiste, pacifique et débarrassé de la haine, de l'envie et de la jalousie", est bel et bien possible.

L'espoir réside actuellement dans le progrès technique, affirme le Français, qui estime que "le problème de l'eau, de l'alimentation et du climat sont aujourd'hui à la portée de la science", mais aussi dans la prise de conscience de l'importance de la coopération et de la fraternité ainsi que dans l'éducation.

Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/iar

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