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Avec "Un film disparaît", l'acteur Hippolyte Girardot signe son premier livre

Hippolyte Girardot. [AFP - Yohan Bonnet]
Entretien avec Hippolyte Girardot, auteur de "Un film disparaît" / QWERTZ / 26 min. / le 9 novembre 2023
L'acteur français Hippolyte Girardot publie son premier livre autobiographique vif et nostalgique, "Un film disparaît". Récit dans lequel il raconte une expérience de cinéma mémorable, en 1982. Un long métrage qui ne verra jamais le jour car la bobine se volatilise.

Aujourd'hui âgé de 68 ans, Hippolyte Girardot a joué dans plus d'une centaine de films. Il décroche son premier vrai rôle au cinéma en 1980 dans "La femme de Jean" de Yannick Bellon. Avant que les propositions ne s'enchaînent avec notamment, "Le bon plaisir" de Francis Girod en 1984 ou encore "Prénom Carmen" de Jean Luc Godard.

Jeune homme, il ne se destinait pas à être interprète de cinéma, mais dessinateur. Diplômé de L'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, il fait du théâtre durant son temps libre. Un jour, son professeur d'histoire du cinéma lui propose un job: animer un atelier cinéma avec des adolescents, deux à trois fois par semaine. L'étudiant accepte sans trop réfléchir.

C'est le principe de l'autostop: ce n'est pas toujours la bonne direction mais ça doit aller dans la bonne direction

Hippolyte Girardot, "Un film disparaît"

L'écrivain français dessine toujours dans des carnets, et son écriture, très imagée se déploie avec brio dans ce premier récit intitulé "Un film disparaît".

"A plus!"

L'atelier de cinéma a lieu dans un centre culturel d'une banlieue communiste appelée Le Plessis-Robinson. Le jeune narrateur (nommé Hippolyte) fait la connaissance de la bande des Mecs du Porche, Mohamed, Ali, Randal, Farid, Gaëlle et les autres. Tous issus de la première génération venue d'Algérie et née en France.

Un pari un peu fou surgit alors: filmer à la Ken Loach le quotidien de ces jeunes hommes de banlieue, pour faire le lien entre la France et la Kabylie, une première pour l'époque.

Le scénario s'appellera "A plus!", une locution qui n'existe pas dans ces années-là et que la bande a inventée. Une manière de se dire "on se voit plus tard, mon pote, je t'aime".

La perte

Le narrateur se lance alors dans la réalisation du film, caméra au poing, une Super 8. L'été 1982 est mémorable. Il fait chaud et il fixe ces jeunes hommes sur la pellicule. Ils sont charismatiques, révoltés et fument des cigarettes avec nonchalance.

Puis place au montage, dans la cave sombre du centre culturel. Le cinéaste en herbe découpe, colle et crée les séquences à partir de centaines d'heures de rushes. Enfin, un après-midi, sans crier gare, "le fatum!". La bobine n'est plus. Quelqu'un l'a volée.

Cette perte, Hippolyte Girardot a pris du temps avant de pouvoir l'écrire. "La disparition de ce film, c'était ce qu'on appelle un scrupule, un petit caillou dans la chaussure. Je n'y pensais jamais, je m'étais habitué à boiter avec. Un jour, une éditrice m'a approché. Je lui ai raconté cette histoire, elle a été tout de suite emballée. Au départ je ne voulais pas en parler, car pour moi cet épisode est tragique. Puis j'ai commencé à l'écrire, et j'y ai pris goût", raconte Hippolyte Girardot.

Layla Shlonsky/ld

Hippolyte Girardot, "Un film disparaît", Editions du Seuil.

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