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Dans "Les coquelicots après la pluie", Philippe Dubath plonge dans ses souvenirs

Philippe Dubath. [DR - Nathalie Dubath]
Entretien avec Philippe Dubath, auteur de "Les coquelicots après la pluie" / QWERTZ / 27 min. / le 7 décembre 2023
L'écrivain et photographe vaudois Philippe Dubath publie "Les coquelicots après la pluie", un récit qui s'inspire de sa vie, de souvenirs doux-amers. Une œuvre sensible qui donne à découvrir, avec délicatesse, l'univers du romancier.

Né en Lorraine en 1952, l'auteur franco-suisse Philippe Dubath débute son métier de journaliste à Paris au début des années 1970. De retour en Suisse, il exerce auprès du Journal de Montreux dès 1973. Dès de 2000, il publie plusieurs ouvrages en tant qu'écrivain, "Zidane et moi" en 2002 ou encore "Chroniques du merle bleu" en 2021.

Aujourd'hui, l'auteur livre un nouveau récit doux et plein de tendresse intitulé "Les coquelicots après la pluie". L'histoire, largement inspirée de sa propre vie, est néanmoins racontée par un narrateur, Victor, qui va se révéler au fil des pages.

Des objets qui ressurgissent du passé

A la suite d'un AVC, Victor replonge dans son passé. Assis à sa table de travail, il ouvre une valise brune et en sort quelques objets: un carnet, une photographie, des cartes postales. Des choses qui portent en elles son histoire et qui vont lui rappeler sa vie, depuis sa naissance jusqu'à la mort de son père en 1987.

Il se remémore ainsi ses années parisiennes, lorsqu'âgé de 20 ans il étudie le journalisme dans la capitale française. Il habite en colocation avec un couple, Boris et Jeannot, deux hommes qui s'aiment. Durant cette même période, il découvre sa propre sexualité, auprès d'une prostituée, Annie, qui habite dans une rue perpendiculaire à la gare.

Une interview de Georges Brassens

Proche de ces rencontres, il y a celle de Georges Brassens, son idole. Le journaliste en devenir tombe par hasard devant une affiche épinglée sur la devanture d'une salle de spectacle, à Villeneuve-Saint-Georges près de Paris. C'était l'époque où "les artistes étaient des vedettes, pas des stars", écrit-il.

Ingénument, il s'adresse au guichet du théâtre pour demander une interview. Deux jours plus tard, il se retrouve dans la loge de son poète favori, à lui adresser des questions. L'entretien est catastrophique, mais aujourd'hui Philippe Dubath raconte cette anecdote avec beaucoup de malice à la newsletter Qwertz de la RTS: "Je suis entré dans la loge de Georges Brassens, nous étions à 1m50 l'un de l'autre. Je n'en revenais pas. J'avais 20 ans, j'étais tremblant. Je n'ai rien écouté à ses réponses. Mes questions étaient idiotes. Et ses réponses magnifiques".

Une phrase retenue

Enfin, une autre rencontre, liée à l'enfance, celle avec la nature. Cette dernière cimente d'une certaine manière la deuxième passion de l'écrivain après la littérature: la photographie.

Le célèbre écrivain français Philippe Claudel, également lorrain et ami de Philippe Dubath, lui dit un jour: "Tu dois parler de ton père une fois dans un livre". Il s'en souvient avec émotion: "Quelquefois, certaines personnes sont importantes, car elles vous offrent une petite phrase; on la retient comme une petite lumière en soi. Cette phrase m'a réveillé et je me suis dit qu'il fallait je parle de mon père dans ce livre".

La photographie

Dans "Les coquelicots après la pluie", le père tient une place centrale. Une façon pour le narrateur-écrivain d'y raconter leur amitié, un lien qui se crée durant la chasse en pleine nature.

Victor doit à cet homme qui brave le vent de neige une connaissance qui lui a permis de vivre en sachant qu’il pouvait toujours s’échapper dans ce qu’on appelle la nature. Victor n’aime pas trop ce terme. La nature. Définir ainsi ce qui n’est pas nous, (…) il trouve cela condescendant et insuffisant. Mais il n’a pas d’autre mot.

Philippe Dubath, "Les Coquelicots après la pluie"

Dès lors, Philippe Dubath n'a plus jamais cessé de "chasser" lui aussi les instants et de fixer avec son appareil photo des images du monde qui l'entoure. Sensible à l'âme des paysages, c'est une photographie qu'il a lui-même prise - une marée de coquelicots rouges avec sa deux CV rouge en bordure - qui lui inspire le titre de ce nouvel ouvrage.

Layla Shlonsky/mh

Philippe Dubath, Les coquelicots après la pluie, éditions de l’Aire, 2023.

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