"Si vous voulez écrire sur les dix à vingt ans à venir, cela doit être de la fiction climatique, sinon vous êtes à côté de la plaque". L'auteur américain de science-fiction Kim Stanley Robinson ne mâche pas ses mots.
C'est à Zurich que la RTS l'a rencontré, en marge d'une conférence donnée à l'Ecole polytechnique fédérale en octobre dernier. Dans cette interview, il revient sur les liens qu'il est possible de tisser entre science-fiction et action climatique.
Un "Ministère du futur" à Zurich
Dans son dernier livre, "Le Ministère du futur", il décrit justement une humanité en péril qui parvient à se mobiliser face au réchauffement planétaire.
Après une catastrophique vague de chaleur qui tue plus de 20 millions de personnes en Inde, du terrorisme et des soulèvements, le Ministère du futur, un organe onusien, voit le jour en 2025 et installe ses quartiers dans la ville de Zurich.
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Dans ce récit, l'utopie est celle d'une humanité qui parvient à éviter son autodestruction. Un dénouement auquel veut croire Kim Stanley Robinson pour notre avenir. "Je voulais montrer (...) que même sans plan, on peut arriver à un résultat positif si on s'accroche à un État de droit", explique le Californien.
Le danger (...) c'est aussi la société qui s'écroule dans des spasmes de colère et de violence.
Faut-il pour autant, comme dans son livre, que des catastrophes surviennent pour mobiliser largement? "J'espère que non", admet-il.
L'écrivain redoute cependant que sans action rapide "la société s'écroule dans des spasmes de colère et de violence". Et les signes sont déjà là, selon lui.
Initiatives locales
Les solutions pourtant aussi. "Beaucoup de ministères du futur existent déjà", sous forme d'initiatives locales. "Elles doivent simplement être renforcées", estime l'auteur.
"Ce sont les mesures que l'on connaît: une taxe carbone suffisamment généralisée", mais aussi "la rémunération de la non-émission de carbone", détaille-t-il. Les deux types d'incitations - négative et positive - fonctionnent encore mieux lorsqu'elles sont combinées.
Pour Kim Stanley Robinson, sortir de l'impasse est avant tout une question morale. Remettre aux générations futures un monde "aussi bien que nous l'avons reçu est une forme d'obligation", juge le septuagénaire.
Sujet TV: Pascal Jeannerat
Adaptation web: Doreen Enssle