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Virginie Linhart livre le récit d'un procès familial dans "Une sale affaire"

Virginie Linhart. [Flammarion - Pascal Ito]
L'invitée: Virginie Linhart, "Une sale affaire" / Vertigo / 21 min. / le 15 janvier 2024
Virginie Linhart a été poursuivie en justice par sa mère et son ancien compagnon au moment de la publication de son précédent roman intitulé "L'effet maternel". De cette expérience douloureuse, l'autrice et réalisatrice livre le récit d'un procès familial et littéraire dans "Une sale affaire".

"Ce livre est le récit d'un procès littéraire et des interrogations qu'il a fait naître en moi. Intentée par ma mère et mon ex-compagnon, la procédure visait à empêcher la parution de mon précédent ouvrage, 'L'effet maternel'. Depuis le jugement et la publication de 'L'effet maternel', quatre ans se sont écoulés. Et je n'ai cessé de m'interroger sur lʹécriture autobiographique. A qui appartient l'histoire? C'est à cette question que tente de répondre 'Une sale affaire'", peut-on lire sur la 4e de couverture du nouveau roman de Virginie Linhart paru début janvier.

"Une sale affaire" constitue ainsi la chronique d'un procès. Un récit plus intime que d'habitude pour l'autrice et réalisatrice qui dans ses livres comme ses documentaires aime mêler le personnel et le collectif.

Demande de suppression de 68 pages

L'histoire débute le 3 janvier 2020 lorsque Virginie Linhart répond à un appel de son éditrice. La maison d'édition vient de recevoir une mise en demeure pour la parution dans le courant du mois de "L'effet maternel", réflexion sur la maternité d'une femme se retrouvant maman célibataire suite à l'abandon de son conjoint qui voulait qu'elle avorte. La mère de Virginie Linhart et l'ancien compagnon de l'autrice exigent de lire le manuscrit avant publication. La lecture débouche sur une demande de suppression de 68 pages puis à un procès devant un tribunal.

"Une sale affaire" tient la chronique détaillée de ce procès que Virginie Linhart finit par remporter. "J'ai appris énormément de la justice en traversant ce procès. Et j'ai eu envie de raconter la façon dont la justice comprend le droit d'auteur et l'autobiographie. Mon livre convoque ainsi les expériences de Philip Roth, Brigitte Bardot, Johnny Hallyday, Picasso", explique Virginie Linhart dans l'émission Vertigo du 15 janvier.

La protection de l'autofiction

L'autrice revient sur la mise à l'écriture, convoque les souvenirs qui l'ont déclenchée, parle de son enfance, de sa jeunesse et de sa vie alors qu'on l'accuse d'atteinte à la vie privée. Une démarche d'autant plus violente que la mère de Virginie Linhart est une ex-militante soixante-huitarde qui clamait qu'il était "interdit d'interdire".

"Je ne parle jamais des autres de façon gratuite. Il n'y a pas une ligne du livre qui n'est pas liée à ma propre histoire. Il n'y a aucune information sur mon entourage qui n'ait pas trait à mon histoire et ce qui m'arrive pour la comprendre", indique Virginie Linhart, qui avoue avoir été surprise autant que fascinée de la manière dont le droit protège l'autofiction.

Propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: olhor

Virginie Linhart, "Une sale affaire", Flammarion. Paru le 3 janvier 2024.

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