"Son nom est Jules. Âgé de seize ans, il se sent une proie de l’adolescence, période souvent qualifiée de pire dans une vie. La sienne n’a jamais été simple: son père, décédé peu avant sa naissance, l’a laissé sans amour. À l’école, cible parfaite, il est victime de harcèlement. Pour faire face à toute cette injustice, un roman cachant une vérité qu’il ignorait lui sert de bouclier.
Ce livre, son guide vers la beauté de l’imaginaire, l’échappatoire de sa réalité, l’a contre toute attente anéanti. Cette histoire est celle d’un fils brisé par son père, celle de sa famille détruite par la peur et celle d’un monde empli de secrets… parfois pas aussi bien cachés qu’on ne le croit: le synopsis du "Fils de l'écrivain brisé", composé par Camille Hofmann, laisse peu de doutes sur la teneur sombre de ce premier roman.
Le livre est le fruit d'un projet personnel de fin de scolarité obligatoire. Camille Hofmann, quinze ans, s'est beaucoup inspirée de sa propre réalité pour écrire l'histoire de Jules et son vécu douloureux à l'école.
"J'ai eu vraiment une période difficile en 11e année. Nous avons dû créer un projet personnel et je me suis dit: 'pourquoi ne pas écrire un livre puisque j'ai toujours aimé écrire et surtout lire?' Et puis je me suis lancée dans ce projet fou. (...) Jules me ressemble énormément. Je m'exprime à travers lui et les livres m'aident beaucoup à avancer dans la vie", indique la jeune fille dans l'émission Forum du 15 novembre.
J'avais appris à faire confiance non pas aux êtres humains, mais à ces objets si précieux, si fragiles, si beaux: les livres.
Préface signée Nicolas Feuz
Pour publier son livre, la maison d'édition valaisanne Pillet met une condition: Camille Hofmann doit trouver un célèbre auteur romand pour préfacer son ouvrage. L'autrice s'adresse d'abord à Joël Dicker, dont elle est une grande fan. Mais le Genevois ne donne pas suite.
Elle se tourne alors vers Nicolas Feuz, dont elle apprécie les romans policiers. Grâce au coup de pouce de la libraire du Baobab, à Martigny, qui joue les intermédiaires, Nicolas Feuz accepte de signer la préface du "Fils de l'écrivain brisé". "Je me suis lancé dans cette lecture un peu à reculons, et j'ai très vite été séduit par la plume de Camille. (...) C'est une écriture extrêmement adulte et élaborée. Et sachant que derrière, il y a une jeune fille de quinze ans, j'ai été tout simplement épaté", confie l'auteur romand.
Des références à l'Ordre du Temple solaire
Celui qui est également procureur du canton de Neuchâtel est aussi confronté dans sa pratique professionnelle à la question du harcèlement scolaire. "On sent que Camille traite de choses qu'elle a vécues. [Le harcèlement scolaire] a toujours été d'actualité, mais il l'est encore plus actuellement avec les réseaux sociaux, qui sont vraiment pernicieux", poursuit Nicolas Feuz.
Originaire de la commune de Salvan, en Valais, là où s'est produit il y a trente ans le drame du Temple solaire, Camille Hofmann a injecté dans son livre un peu de la mémoire collective associée à son village. On y trouve des références inquiétantes, entre fiction et réalité, à cette secte qui provoqua à Salvan la mort de 25 personnes en 1994.
Récipiendaire du prix de la Banque Cantonale du Valais pour ce premier roman, la jeune fille a débuté l'écriture d'un second tome des aventures de Jules. Avec une préface de Joël Dicker? "Avec plaisir, s'il accepte!", s'exclame Camille Hofmann.
Propos recueillis par Valentin Emery et Coralie Claude
Adaptation web: mh
Camille Hofmann, "Le fils de l’écrivain brisé", éditions Pillet, octobre 2024.