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"Cœur-d'amande", nouveau roman tendre et résiliant de Yasmina Khadra

Portrait de l'auteur algérien Yasmina Khadra [AFP - Hans Lucas]
L'invité : Yasmina Khadra "Cœur-dʹamande" / Vertigo / 21 min. / le 21 août 2024
Auteur prolifique à succès, l'Algérien Yasmina Khadra présente son nouvel ouvrage. "Cœur-d'amande" met en scène un anti-héros doux et empathique, pas épargné par la vie. Un trentième roman qui vante les mérites du courage d'être soi, de l'amitié et de la solidarité.

Rejeté par sa mère et atteint de nanisme, Nestor vit chichement avec sa grand-mère à Barbès, au pied du Sacré-Cœur à Paris. Empathique et résilient, malgré les aléas de la vie, Nestor cherche mille et une combines pour tenter d'améliorer un quotidien pas toujours rose, dans un quartier où se mêlent tous les peuples et tous les destins. Voilà pour la trame de "Cœur-d'amande", le trentième livre de l'auteur algérien Yasmina Khadra, Mohammed Moulessehoul de son vrai nom.

Cet ancien officier de l'armée algérienne a "emprunté" deux des prénoms de sa femme pour se créer un pseudonyme littéraire. Parmi ses nombreux écrits, "Les hirondelles de Kaboul" (2002), "L'attentat" (2005) et "Ce que le jour doit à la nuit" (2008) ont fait l'objet de nombreuses adaptations au théâtre et au cinéma.

Changement de ton

Plutôt habitué à écrire sur la violence et les conflits, Yasmina Khadra explore cette fois la complexité humaine avec un regard plus tendre et humaniste. Dans "Cœur-d'amande", Montmartre est dépeint comme une oasis d'amitié et de solidarité. Les personnages, qu'ils soient secondaires ou principaux, apportent une chaleur humaine qui contraste avec ses œuvres précédentes. "J'ai écrit sur tant de violence, cette fois-ci, j'ai décidé d'emmener le lecteur là où il est possible d'aimer, de recouvrer sa part d'humanité", détaille l'écrivain dans l'émission Vertigo du 21 août.

Yasmina Khadra vante également les mérites de l'amitié dans "Cœur-d'amande". Nestor peut compter sur ses trois copains: Frédo le grand frère de tout le monde, Kader et Confucius, toujours là pour donner sa citation. "L'amitié a quelque chose de simple et fluide. Il y a de l'affection, de la tendresse, mais pas d'exigences. C'est pour cela qu'elle est plus forte que l'amour", explique-t-il.

Après avoir décortiqué la noirceur, Yasmina Khadra a donc souhaité retrouver une part d'humanité, en faisant l'éloge des choses simples et de la capacité à s'émerveiller. "J'ai eu un grand bonheur à écrire ce livre", confie-t-il. "Cela m'a permis de conjurer toutes les toxines qui étaient en moi, et de retrouver ma part d'enfant rêveur".

Force face à l'adversité

Si le personnage de Nestor est aussi bon et lucide, c'est parce qu'il a subi de nombreux coups du sort et qu'il en a fait quelque chose. En tout cas Yasmina Khadra en est persuadé: "Plus on surmonte les épreuves et plus on construit des fibres qui peuvent nous aider à rester solide, et à tenir debout quand les bourrasques arrivent".

L'auteur algérien sait de quoi il parle, lui qui après neuf ans d'enfance insouciante, a été placé dans une école militaire par son père. "A 9 ans, je n'étais plus un être humain, mais un pion sur un échiquier, un matricule. Ce sont les écrivains qui m'ont permis d'être restitué à moi-même".

La carrière militaire de Yasmina Khadra durera trente-six ans au total, jusqu'à l'obtention du grade de commandant. Durant ces années il côtoiera l'horreur au quotidien, notamment en tant que responsable de la lutte antiterroriste contre les djihadistes dans les années 1990. Et pourtant, comme chez son protagoniste Nestor, l'optimisme n'est jamais loin chez Yasmina Khadra. Il l'explique notamment grâce aux amitiés et aux lectures magnifiques qui l'ont toujours accompagné.

Des propos recueillis par Anne Laure Gannac

Adaptation web: Sarah Clément

Yasmina Khadra, "Cœur-d'amande", éditions Mialet Barrault, août 2024.

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