Cécile, Orso, Bruno, Joyce et Nora sont des figurants. On ne les voit jamais sur petit ou grand écran, puisqu'ils se fondent intégralement dans le décor. À la fois invisibles et indispensables, ils font partie intégrante de l’image, de son réalisme, toujours sans se faire remarquer.
Pour sa première pièce de théâtre, Delphine de Vigan voulait renverser les rôles. Dans "Les figurants", il n'y a pas de grande actrice, de réalisateur, juste un super assistant dont le rôle se borne à donner des directives absurdes, tout en se contredisant. Et bien sûr les fameux figurants. "J'avais envie de leur offrir le devant de la scène, de leur offrir le premier plan, de les connaître, de savoir qui ils sont", confie-t-elle à l'émission littéraire Etcétéra du 16 novembre.
Reflet de notre propre vie
Conçue en quatre actes, "Les figurants" raconte la journée de tournage de cinq personnages aux horizons très différents et qui ne se connaissent pas. Pour être au plus près de leur quotidien et des préoccupations de ses protagonistes, Delphine de Vigan s'est fait embaucher anonymement sur des tournages pour voir à quoi ressemblait une journée type d'un figurant. Des journées longues, où la patience est une vertu cardinale.
Déjà évoquée dans "Les enfants sont rois", la surexposition aux réseaux sociaux est également abordée dans "Les figurants", grâce au personnage de Joyce. La jeune femme ne cesse de se prendre en selfie, une manière comme une autre de se fabriquer un personnage pour exister. "Au final, nous sommes tous les figurants d'une vaste histoire qui nous échappe, déclare Delphine de Vigan. Et dans notre propre histoire, on joue des rôles complètement différents, on passe régulièrement de l'ombre à la lumière", conclut l'écrivaine.
Propos recueillis par Lilia Hassaine
Adaptation web: Sarah Clément
Delphine de Vigan, "Les figurants", ed. Gallimard, octobre 2024.