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Isabelle Pandazopoulos retrace le destin d'Anna Freud, pionnière de la psychanalyse

L'autrice française Isabelle Pandazopoulos. [Actes Sud / DR]
Entretien avec Isabelle Pandazopoulos, autrice de "Les sept maisons d'Anna Freud" / QWERTZ / 24 min. / hier à 00:00
C’est un roman biographique, entre ombres et lumière, que propose Isabelle Pandazopoulos dans "Les sept maisons d’Anna Freud". Fascinée par la figure d’Anna, dernière fille de Sigmund et Marta Freud, l’autrice dresse le portrait poignant d’une jeune fille mal-aimée qui ouvrira la voie de la psychopédiatrie.

Quand on pense à Sigmund Freud, l’homme et ses travaux éclipsent sa vie de famille. Et pourtant, c’est dans cette famille, auprès de son épouse Marta et de leurs six enfants, que s’élaboreront ses théories les plus connues. Parmi les enfants, une petite fille née en 1895, Anna. Elle n’est pas désirée, elle est l’enfant de "trop". Peu aimée par sa mère, régulièrement malade, la petite fille se montre caractérielle et désespère ses parents.

Un vilain petit canard

Garçon manqué, peu conventionnelle, Anna défie les attentes d’une époque où les jeunes femmes se doivent d’être sages et dociles. Idolâtrant son père, elle rêve toutefois à son indépendance. Elle ne sera ni épouse ni mère, comme l’exige la bonne société viennoise, mais travaillera. C’est grâce à sa marraine, la psychanalyste et femme de lettres Lou Andreas-Salomé qu’elle trouve le courage de se présenter, à 26 ans, devant la Société de psychanalyse de Vienne pour y briguer une place et une reconnaissance qu’elle estime lui revenir de droit.

 Anna Freud est une anti-héroïne dans le sens où elle ne rentre pas dans le cadre de l’image qu’on se fait d’une femme puissante aujourd’hui, mais c’est également une héroïne, car elle n’a cessé de lutter contre elle-même et contre le monde et a réussi à créer sa voie.

Isabelle Pandazopoulos, autrice de "Les sept maisons d’Anna Freud"

C’est en se confiant à sa marraine qu’Anna Freud découvre sa vocation: soigner et comprendre les enfants. Un bref temps institutrice, fragilisée dans sa santé, victime d’avoir (peut-être) trop raconté ses penchants à son père, Anna se fait la porte-parole des enfants. En 1927, elle co-fonde une école à Vienne, intégrant la psychanalyse à des pédagogies nouvelles. Elle ne s’arrête plus, multipliant les études fondamentales sur les traumatismes et les besoins spécifiques des jeunes, notamment les enfants rescapés des camps de concentration.

Une vie de renoncements

La couverture du livre "Les sept maisons d'Anna Freud" d'Isabelle Pandazopoulos.
La couverture du livre "Les sept maisons d'Anna Freud" d'Isabelle Pandazopoulos.

"Les sept maisons d’Anna Freud" explore les méandres d’une vie marquée par les défis de l’émancipation féminine, et nous permet de percevoir la fascination obsessionnelle qu’elle a pour son père. Tissant le récit des lieux qui ont marqué Anna, entre Vienne et Londres, Isabelle Pandazopoulos narre le destin d’une femme d’exception, nourri d’amours contrariées et homosexuelles, et d’une quête d’identité.

Le roman mêle l’intime au réel, le petite et la grand Histoire, l’envol et le renoncement. A travers cette figure d’Anna Freud, on prend conscience des sacrifices exigés de la part des femmes ambitieuses. Anna Freud a consacré sa vie aux autres. Il était temps qu’elle devienne à son tour une héroïne de roman.

Catherine Fattebert/ms

Isabelle Pandazopoulos, "Les sept maisons d'Anna Freud", éditions Actes Sud, août 2024.

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