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John Simenon: "J'essaie de concevoir un musée Simenon depuis quinze ans"

Georges Simenon en 1967. [RTS]
L'ivresse des Simenon / Quartier livre / 56 min. / le 24 mars 2024
La Fondation Michalski de Montricher (VD) présente jusqu'au 29 septembre des photographies, manuscrits et documents de travail de l'un des auteurs les plus célèbres du XXe siècle, Georges Simenon. En l'absence d'un musée qui lui serait dédié, l'exposition s'appuie notamment sur des archives détenues par son fils, John Simenon.

Il faut le dire d'emblée: aucun musée dédié au célèbre auteur Georges Simenon n'existe à l'heure actuelle, la faute en partie à la question de l'emplacement d'un lieu d'exposition. "C'est quelque chose que j'essaie de concevoir depuis une bonne quinzaine d'années, indique le fils de l'écrivain, John Simenon, dans l'émission Quartier Livre du 24 mars. (...) Mon père était belge, mais cela ne fait pas partir du tempérament des Liégeois de célébrer quelqu'un qui a fait connaître leur ville. Par ailleurs, il a vécu la plus grande partie de sa vie en Suisse, même s'il n'en avait pas la nationalité".

Né à Liège, en Belgique, Georges Simenon s'installe en Suisse dès 1957 à Echandens (VD), puis à Epalinges (VD). En 1974, il déménage à Lausanne, dans une petite maison rose de la rue des Figuiers, où il s'éteint en 1989. Dès lors, Lausanne pourrait-elle revendiquer la création d'un musée Simenon? "Pourquoi pas!", répond John Simenon, qui gère les droits de l'oeuvre de son père depuis plus de vingt-cinq ans.

"Avant de vendre la maison d'Epalinges, j'avais pensé y créer un centre, le lieu s'y prêtait. Mais c'était assez compliqué en termes d'autorisation de construction. A l'époque, je n'avais peut-être pas les contacts nécessaires et cela n'a pas pu aller très loin".

>> A lire aussi, le grand format RTS dédié à Georges Simenon, réalisé en 2019 : Georges Simenon

La vie et l'oeuvre de Simenon à découvrir dans une exposition

En attendant la création d'un futur centre dédié à son parcours, le père du commissaire Maigret est à l'honneur de la Fondation Jan Michalski de Montricher (VD), qui relève le défi de réduire le parcours de vie et l'œuvre de titan de Simenon aux dimensions dʹune exposition. Elle se base sur des archives issues à la fois d'un fonds qui lui est dédié à l'Université de Liège, ainsi que sur les archives personnelles de son deuxième fils, John Simenon.

Peu d'explications écrites accompagnent le parcours muséal: le visiteur est invité à s'immerger dans les archives audio et vidéo qui jalonnent le parcours, ou même s’installer dans le petit cinéma aménagé pour diffuser une série d’adaptations célèbres des Maigret ou d'autres romans de Simenon.

Georges Simenon en 1975. [RTS]
Georges Simenon en 1975. [RTS]

Dans l'univers de l'écrivain

L'exposition invite à rencontrer l’auteur autant qu’à lire, entendre et voir son œuvre. "Les deux conceptrices de l'exposition, Sarah Radicchi et Natalia Granero, ont voulu essayer de savoir par où entrer dans l'ensemble de l'univers de mon père. L'univers de sa création [se situe] non seulement au niveau de ses romans, mais aussi de ses contacts avec les éditeurs et la presse et de manière très importante de ses relations avec sa famille. Car tout cela ne se faisait pas dans une espèce de bulle. Ou plutôt si: c'était une bulle, mais dans laquelle la famille se logeait entièrement", indique John Simenon.

L'écrivain à la pipe s'exprime ainsi directement à travers les archives sonores et visuelles, sans intermédiaire. Le reste de l’exposition a été conçue autour de ce noyau, pour illustrer les conditions dans lesquelles s'effectuait son travail et s'épanouissait sa vie personnelle.

Sujet radio: Nicolas Julliard

Adaptation web: Melissa Härtel

Exposition "Simenon", Fondation Jan Michalski, Montricher (VD), jusquʹau 29 septembre 2024.

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Au-delà des Maigret

"J'ai étudié mon métier comme un menuisier ou un forgeron. J'ai acheté tous les romans populaires dans les kiosques et je me suis dit: 'je vais essayer de faire cela'. Et j'en ai écrit dans les trois cents, sous un tas de pseudonymes", disait Georges Simenon avec sa verve coutumière dans une archive RTS de 1958.

Et même si d'autres en ont comptabilisé plutôt deux cents, les chiffres donnent le vertige. Jamais en panne d'inspiration, il a rédigé entre 1929 et 1972 plus de cent nonante romans, dont cent trois épisodes de Maigret. Pour lui, cette série policière constituait une forme d’apprentissage de l’écriture. "Il lui est resté très fidèle, explique John Simenon. Car le succès des Maigret lui donnait la liberté".