Immense champion de natation, d'une agilité exceptionnelle, il reste avant tout célèbre pour son rôle de Tarzan au cinéma entre 1934 et 1948. Johnny Weissmuller, figure adulée, séductrice et solaire ne jurait que par le plaisir, acceptant de laisser la gestion de sa carrière entre les mains de ses entraîneurs et producteurs.
Dans "Johnny Johnny", fausse autobiographie narrée à la première personne, l'auteur français Frédéric Rossignol nous offre le point de vue d'un enfant de l'immigration européenne du début du XXe siècle, devenu à deux reprises l'un de ces héros dont l'Amérique raffole.
C'est un livre que j'ai commencé il y a longtemps, mais peut-être qu'inconsciemment, avec l'arrivée des JO, et comme il a gagné plusieurs médailles d'or à Paris en 1924, cela a joué un rôle dans le fait qu'il soit publié aujourd'hui.
Poussée d'Archimède
Tout commence avec une traversée de l'Atlantique en 1905, lorsque Petrus et Berty, parents du tout petit János Péter Weissmuller, quittent une Europe n'ayant plus rien à leur offrir. Immigrés allemands de l'actuelle Roumanie, qui à l'époque est encore un territoire rattaché à l'Empire austro-hongrois, ils deviennent tous trois apatrides à la fin de la Première Guerre mondiale.
Le rêve américain n'est pas immédiatement une réalité pour Johnny entre un père violent, l'école qu'il doit arrêter prématurément et la contraction de la poliomyélite. Le petit Johnny parviendra à s'affranchir de ces obstacles par la pratique de la natation dans les eaux froides du Lac Michigan.
Le mouvement me constitue. L'eau est mon pays. L'adrénaline ma drogue. Après les courses, le public est en liesse. Chaque compétition est une sorte d'immense fête.
Devenu champion de natation qui n'a, selon les documents, jamais perdu aucune course, Johnny Weissmuller remporte plusieurs médailles d'or aux Jeux Olympiques de Paris de 1924, en vainquant the Duke, véritable légende vivante. Devenu le plus grand champion du pays, Johnny va passer des bassins à l'écran, afin d'incarner Tarzan, héros des romans de l'auteur Edgar Rice Burroughs. Le nageur se découvre autant à son aise devant les caméras que dans les fluides.
Tarzan incarne le mythe de la liberté. Il est libre de toute influence. Au-delà de l'esthétique, malgré lui, il propose une approche renouvelée de l'immanence. J'ai pas tout compris, mais en tout cas Burroughs c'est un génie
De la lumière aux ténèbres
Préférant de loin les plaisirs à la paperasse administrative, Johnny Weissmuller abandonne aux autres le soin de superviser et décider de sa carrière, ses contrats et sa vie maritale. Divorces, excès, substances dopantes, alcool jalonnent une vie dictée par l'insouciance, mais aussi l'amitié: celle avec les acteurs Errol Flynn et John Wayne, qui intervient d'ailleurs personnellement pour faire sortir Johnny d'un séjour chaotique en hôpital psychiatrique.
Avec "Johnny Johnny", Frédéric Rossignol a su retranscrire avec l'enthousiasme d'une langue simple, parfois en rimes, l'urgence de cette Amérique qui cherchait à se construire une mythologie et dont Hollywood était la fabrique de super-héros.
Ellen Ichters/sc
Frédéric Rossignol, "Johnny Johnny", éd. Arléa, mars 2024.
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