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L'autrice Catherine Lovey voisine avec l'homme qui ne voulait pas mourir

Couverture du livre "histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir" de Catherine Lovey. [Editions Zoé]
Entretien avec Catherine Lovey, autrice de "histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir", ed. Zoé. / QWERTZ / 37 min. / le 27 février 2024
Dans un cinquième roman subtil, "histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir", Catherine Lovey raconte en quarante-cinq courts chapitres la relation entre deux êtres que tout oppose et qui vont se rapprocher lorsque la maladie débarque.

Les deux protagonistes principaux du roman "histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir" - avec un h minuscule selon le désir de l'autrice Catherine Lovey - vivent sur le même palier et n'ont rien en commun. La narratrice est la voisine de Sandor. Leurs échanges sont cordiaux, presque insignifiants. Jusqu'à ce jour où la narratrice, sur laquelle repose tout le récit, constate un changement dans l'apparence de son voisin. 

Elle va apprendre à le connaître davantage, alors que lui découvre qu'il est atteint d'une maladie incurable. Une relation difficile à définir va dès lors se nouer entre les deux. C'est que l'homme qui ne voulait pas mourir cultive une distance avec sa maladie que sa voisine peine à comprendre et qui la désarçonne.

 Il était une fois un homme, un brave homme audacieux, qui ne voulait pas mourir. Cet homme savait que la mort existe. Il savait même qu'elle se manifeste tous les jours. Seulement il ne pouvait pas voir qu'elle le menaçait, lui, personnellement. (...) Cet homme, je le connaissais. Il était mon voisin.

Extrait de "histoire de l'homme qui ne voulait pas mourir" de Catherine Lovey

Face à la finitude

Avec ce texte, Catherine Lovey nous cueille dans notre vie de tous les jours, dans la banalité et répétition de nos temporalités et géographies individuelles. En commençant ce roman avec la formule propre aux contes - il était une fois - elle nous intime d'emblée à nous regarder en face, à nous tourner vers le dedans.

Cet homme qui ne voulait pas mourir, c'est toi, c'est moi, c'est vous, c'est nous, face à la finitude qui advient. Sandor, lui, s'ingénie à déjouer les stigmates du mal en considérant qu'ils ne sont que passagers, qu'une parenthèse dont il se remettra très vite, après les traitements, pour reprendre le cours habituel de son existence, les affaires, les voyages et les projets. Alors que précisément il est en sursis, à l'image du bosquet du quartier voué à être rasé et que la narratrice tente de sauver à tout prix.

Mais que ferons-nous à sa place, et non ferions-nous, semblent nous dire les mots de l'écrivaine qui toujours trouve la bonne distance pour permettre au lecteur de s'identifier, de laisser s'immiscer sa propre image juxtaposée à celle de l'homme qui ne voulait pas mourir, dans le reflet du miroir, et tour de force, sans jamais avoir recours à l'écriture de scènes morbides et émotionnelles.

On est au cœur de ce qui nous fait le plus peur, quand tout s'arrête et avant que ça s'arrête quand tout se dégrade. Ce mélange totalement irrationnel d'espoir et de peur.

Catherine Lovey à propos de "histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir"

Respirer à l'unisson


Pour écrire cette œuvre, Catherine Lovey s'est, entre autres, entourée de deux auteurs: Sándor Márai, écrivain hongrois, et Léon Tolstoï avec sa nouvelle "La mort d’Ivan Ilitch".

Ses consœurs et confrères écrivains l'aident à trouver le rythme, le souffle du récit, que ce soit celui de la narratrice, qui ne lâche pas l'affaire au côté de Sandor et qui finit par accepter le rythme imposé par l'homme qui ne voulait pas mourir, ou que ce soit le souffle de ce dernier qui, un peu comme les battements du cœur, cherche jusqu'au bout à respirer à l'unisson avec ce que la vie lui offre dans cet ultime exil forcé.

Céline O’Clin/aq

Catherine Lovey "histoire de l’homme qui ne voulait pas mourir" paru aux éditions Zoé

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