"Les caractériels" de Martial Cavatz, portrait brillant et drôle d'une enfance défavorisée
Le roman "Les caractériels" débute avec une description de la cité des 408 de Besançon, aujourd'hui disparue. Nous sommes dans les années 1980. Le narrateur, un enfant violent et malvoyant, évolue dans un environnement marqué par la pauvreté, la violence et l'alcoolisme. Cependant, grâce à l'école, les livres et des rencontres marquantes, il entrevoit la possibilité d'échapper à son destin social.
Ancien enseignant d'histoire contemporaine et de sciences économiques et sociales, Martial Cavatz fait une entrée en littérature réussie avec ce livre présent sur la liste du Prix Stanislas qui honorera en septembre le meilleur premier roman de la rentrée littéraire.
Le récit d'un transfuge de classe
Basé sur sa propre histoire, "Les caractériels" n'est pourtant pas totalement autobiographique. Invité dans l'émission Vertigo du 19 août, l'auteur français confirme que son livre doit être qualifié de roman: "C'est le matériau qui est autobiographique [...]. Je n'ai pas la prétention de dire la vérité. Je dis une vérité qui est la mienne. J'essaie de reconstituer des pensées de l'enfant [que j'étais], en ayant bien conscience que c'est en partie impossible."
Récit d'une ascension sociale et d'une lutte contre le déterminisme, "Les caractériels" est-il pour autant le récit d'un transfuge de classe? A cette question, Martial Cavatz répond par l'affirmative, mais souligne la complexité et les nuances de cette catégorie. "C'est une notion ambiguë qui permet à tout le monde de se croire transfuge de classe", s'exclame-t-il.
Humour et autodérision
L'humour et l'autodérision sont omniprésents dans "Les caractériels", permettant de traiter des sujets graves sans sombrer dans le pathos ou le misérabilisme. En interview, le primoromancier souligne l'importance de cette approche pour dépasser les difficultés et rendre hommage à la générosité et à la complexité des personnages qu'il décrit.
"J'espère avoir écrit un livre drôle parce qu'il y a quelque chose d'un peu obscène à faire une galerie de ses petits malheurs si on ne les sublime pas par quelque chose d'autre", estime-t-il, puis de préciser finalement: "J'ai envie de dire que l'humour est une chose sérieuse avec laquelle on peut faire des choses intéressantes."
Propos recueillis par Anne Laure Gannac
Adaptation web: Andréanne Quartier-la-tente
Martial Cavatz, "Les caractériels", Alma éditeur, août 2024.