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Miguel Bonnefoy, auteur du primé "Rêve du jaguar": "On écrit les livres qu'on aime lire"

L'écrivain franco-vénézuelien Miguel Bonnefoy. [AFP - Magali Cohen / Hans Lucas]
Miguel Bonnefoy, un fauve sur les Quais / Quartier livre / 56 min. / le 8 septembre 2024
"Le rêve du jaguar" a séduit le jury du Grand Prix du roman de l'Académie française en octobre dernier et celui du prix Femina le 5 novembre. Doublement primé, ce cinquième roman de l'écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy dévoile le fabuleux destin de son grand-père dans un Venezuela en mutation.

Un nouveau-né abandonné sur les marches d'une église, recueilli par une mendiante muette. Les habitants de Maracaibo ne le savent pas encore, mais cet enfant est promis à un destin exceptionnel. Elevé dans la misère, Antonio sera tour à tour vendeur de cigarettes, domestique dans une maison close avant de devenir un des chirurgiens les plus brillants du Venezuela.

"Le rêve du jaguar", cinquième roman de Miguel Bonnefoy, tisse une saga familiale vibrante, aux personnages inoubliables, dans un Venezuela en proie à de violentes mutations politiques et économiques. Un roman à la fois épique et intime.

Un héritage après l'autre

Fasciné par l'histoire de sa famille, Miguel Bonnefoy s'était déjà plongé dans les aventures de ses aïeux, côté paternel. Son précédent roman, "Héritage", racontait leur départ du Jura, suite aux attaques de vignes ravagées par le phylloxéra, avec pour bagage un unique cep survivant destiné à être replanté au Chili.

Quant à l'histoire des grands-parents maternels, elle trottait dans la tête de Miguel Bonnefoy depuis une vingtaine d'années. L'auteur franco-vénézuélien avoue qu'il lui a fallu du temps pour trouver le bon ton, la bonne musique pour écrire l'histoire de son grand-père Antonio, brillant chirurgien parti de rien, et de sa grand-mère Ana Maria, femme d'exception, première médecin gynécologue obstétricienne.

Une écriture méthodique

Interrogé sur sa manière de travailler, Miguel Bonnefoy déclare être très discipliné: "Je suis assez militaire et très méthodique. Le matin, je dépose mes deux filles de deux et quatre ans à l'école et quand j'arrive chez moi, en général la maison est dans un tel état qu'on dirait Bagdad", avoue l'écrivain en souriant dans l'émission Quartier livre du 8 septembre.

Et d'ajouter: "Comme je n'ai pas le temps de tout ranger, vu que je vais les chercher à 16h, je pousse tout simplement les Lego de la table à manger et j'y pose mon ordinateur". Si le matin est dédié à l'écriture, Miguel Bonnefoy consacre ses après-midi aux lectures, aux recherches et à la scénarisation.

L'écrivain qui aime la beauté

Ayant grandi dans une famille de femmes, entouré de tantes, de soeurs et de cousines, Miguel Bonnefoy dit avoir été élevé par des femmes courageuses, intelligentes et puissantes. Ces femmes - aux horizons incroyables - se retrouvent régulièrement dans les personnages de ses romans.

Une autre caractéristique de son écriture est qu'on ne trouve pas de dégoût, de cynisme ou de grossièreté dans ses livres. "On finit par écrire les livres qu'on aime lire et donc on finit par écrire des livres qui nous ressemblent, s'amuse Miguel Bonnefoy. Il se trouve que j'ai le malheur de ne pas voir la laideur chez les gens... Pour une ville, pour une situation, il y a toujours un instant de lumière, un instant de beauté. Pour l'instant, j'ai mis davantage mon énergie à parler de la rose plutôt que de la ronce".

Propos recueillis par Nicolas Julliard

Adaptation web: Sarah Clément

Miguel Bonnefoy, "Le rêve du jaguar", ed. Rivages, août 2024.

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Prix Femina: "C'est un prix que j'attendais depuis dix ans".

Le prix Femina du roman a été remis mardi à l'écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy, pour "Le Rêve du jaguar", déjà couronné du Grand Prix du roman de l'Académie française en octobre.

"C'est un prix que j'attendais depuis dix ans. Donc vous pouvez imaginer à quel point je suis honoré, je suis heureux", a déclaré le lauréat. "Je suis touché également car ma langue maternelle est l'espagnol, et donc distinguer un livre qui est en français, c'est-à-dire qui n'est pas écrit dans ma langue maternelle, je trouve que ça parle beaucoup, ça parle très bien de la France", a-t-il ajouté.

Miguel Bonnefoy a emporté le prix Femina au deuxième tour grâce à cinq voix, contre quatre pour Emma Becker avec "Le Mal joli".

afp/sc