"Pop-porn: le porno c'est pas la vraie vie!" ou comment sensibiliser les ados avec humour
Dessinatrice de BD à l'humour explosif, Caroline Nasica s'est fait connaître du public grâce à sa série "Caro et les zinzins". En parallèle, la jeune femme a toujours alimenté son compte Instagram en strips personnels, notamment la première fois où elle a été confrontée à du porno sur le web. "Je devais avoir dans les dix ans et j'étais tombée sur des images assez choquantes. Suite à cela, mon éditrice m'a appelé pour dire à quel point ce n'était pas normal et qu'il fallait qu'on en parle", confie-t-elle dans l'émission Vertigo du 13 septembre.
Suite à cette discussion, Caroline Nasica publie un appel à témoignages sur les réseaux sociaux. Les réponses affluent de toute part et les deux femmes décident de lancer la série "Pop-Porn: le porno c'est pas la vraie vie!".
Du numérique au papier
"Pop-porn: le porno c'est pas la vraie vie!" a d'abord vu le jour en version numérique dans Mâtin, quel journal!, une BD virtuelle lancée par Dargaud en 2020 sur Instagram. Chaque matin, une dizaine de cases inédites sont proposées aux internautes, toujours sur un thème d'actualité: politique, écologie, harcèlement, surconsommation, sorcellerie, contraception masculine, etc. Tout traitement est possible, pourvu que le ton soit ludique et décalé.
Suite aux témoignages, une dizaine de thèmes s'imposent rapidement: consentement, corps des acteurs et des actrices de X, manière dont les femmes sont traitées à l’écran ou encore addiction au porno notamment. Vu l'importance du sujet, les éditions Dargaud décident d'en faire une version papier et pour étayer les dessins de Caroline Nasica, la maison d'édition fait appel à la journaliste, réalisatrice et activiste féministe Elvire Duvelle-Charles.
Dédramatiser au lieu de culpabiliser
Une cassette VHS qui traîne, un magazine Playboy, une BD de Manara, tout le monde est tombé un jour ou l'autre sur du contenu érotique, voire pornographique. Ce qui a changé avec internet, c'est le nombre de contenus et l'accessibilité du porno.
L'activiste Elvire Duvelle-Charles rappelle que l'entrée dans ce monde est souvent liée à de la curiosité: "Une des raisons pour lesquelles les jeunes s'intéressent à la pornographie c'est parce qu'ils ne savent pas comment on fait l'amour. Non seulement il y a peu d'outils, mais c'est un sujet encore très tabou dans les familles, explique-t-elle. A l'école, la sexualité est abordée essentiellement sous l'angle de la prévention (contraception et maladies sexuellement transmissibles). Du coup, les adolescents se penchent un peu naturellement vers la pornographie".
"Pop-porn: le porno c'est pas la vraie vie" donne donc des clés pour décrypter ce qu'il y a derrière les images des contenus pornographiques. Dans le monde du X, les scènes sont scénarisées, les corps et les sexes ne ressemblent pas à ceux de monsieur et madame Tout-le-monde.
L'objectif de cette BD de sensibilisation est donc de dédramatiser et de rappeler que la sexualité n'est pas innée. Elle se construit en expérimentant avec son ou sa partenaire, avec du respect et (si possible) de l'humour.
Sarah Clément
Caroline Nasica et Elvire Duvelle-Charles, "Pop-porn: le porno cʹest pas la vraie vie!", Mâtin!, Dargaud, août 2024.