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"Si les forêts nous quittent", plaidoyer choral et floral de Francesco Micieli

L'écrivain suisse d’origine italo-albanaise Francesco Micieli. [Editions Hélice Hélas - Markus Baumann]
Entretien avec Francesco Micieli, auteur de "Si les forêts nous quittent" / QWERTZ / 24 min. / le 28 août 2024
Texte polyphonique et polyforme, "Si les forêts nous quittent" de l’auteur suisse Francesco Micieli interroge l’action collective et notre place dans la nature. Un groupe de jeunes activistes du climat s’inquiète de la disparition abrupte de leur égérie, l’énigmatique et magnétique Ginkgo. 

Ils s’appellent Alfi, Anina, Bounine, Daria, Esther, Marcel, Selina ou Saïd. Ils sont jeunes, ont pour la plupart fui leur pays et s’inquiètent de l’arrivée de ce qu’ils appellent l'"âge du feu". Il fait chaud, c’est la canicule; quelque part en Suisse, installés à la terrasse du café Watter, ils posent les premières phrases d’un manifeste. Puis décident de passer à l’action, galvanisés par Ginkgo, cette jeune femme au charisme étrange, apparue de nulle part, dont personne ne connaît ni le vrai nom ni l’histoire.

Un troupeau de vaches sera libéré et bloquera un pont pendant un moment, nécessitant l’intervention de la police. Ce n’est qu’après cet évènement que les activistes constatent l’absence inexpliquée de leur muse. Se pose alors la question de l’avenir du groupe, privé de sa prophétesse.

Ateliers d’écriture

"L’invitation à produire ce texte est venue des rencontres que j’ai eues pour une série d’ateliers d’écriture avec des jeunes à Terra Vecchia, au Tessin", explique l'auteur suisse d’origine italo-albanaise Francesco Micieli dans le podcast QWERTZ du 28 août. Pour les participants, dont la plupart sont originaires d’Afghanistan, il s’agissait de réfléchir par l’écriture à sa propre histoire et à la nature.

En est né "Si les forêts nous quittent", un roman de la génération climat, inquiète d’une humanité qui ressemble à la grenouille qui ne sent pas l’eau atteindre le point d’ébullition dans la casserole, pour reprendre une célèbre métaphore.

Le manifeste de Watter – 2e phrase: Nous devons bondir hors de la casserole par nos propres moyens. Ils ne peuvent pas nous faire croire que tout va pour le mieux alors que nous sommes juste avant le point d’ébullition.

Extrait de "Si les forêts nous quittent" de Francesco Micieli

L’arbre qui cache la forêt

La forêt, son intelligence collective et son réseau parfait offrent un double sens heureux au texte de Francesco Micieli. Non seulement les forêts sont garantes de notre vie sur terre et leur disparition signifierait la fin de l’humanité. Mais surtout elles sont une métaphore vive de la collectivité plus forte que l’individu. "Si les forêts nous quittent" est en ce sens la menace sourde du désespoir qui attend l’humanité si elle oublie que sa survie est due avant tout à la collaboration.

Collaboration des mots aussi dans "Si les forêts nous quittent", où l’on navigue entre références littéraires, nécessité poétique et incursions musicales. Ici il y a Adorno et Thoreau, là quelques vers de Marina Tsvetaïeva, un peu de Rammstein, et puis cette célèbre citation prononcée par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU: "Nous avons le choix. L’action collective ou le suicide collectif. C’est entre nos mains."

Avec son mélange de voix, de langues, et de formes littéraires, il n’y a aucun doute que le récit de Francesco Micieli est lui-même un véritable petit écosystème.

Ellen Ichters/sf

Francesco Micieli, "Si les forêts nous quittent", éd. Hélice Hélas, août 2024.

Dédicaces au "Livre sur les quais" à Morges, du 30 août au 1er septembre 2024.

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