1867, port de Wellington, Nouvelle-Zélande. Cinq personnes s’apprêtent à embarquer à bord du Nautiscaphe, un sous-marin épique aux allures steam-punk. Leur objectif: plonger au cœur des abysses de l’océan et découvrir de nouvelles espèces. Le voyage va durer plusieurs mois et leurs aventures sont décrites grâce à trois carnets de bord tenus par un naturaliste, un médecin et un jeune cuisinier qui cache bien son jeu.
Jeu de rôles
Ecrire un ouvrage à six mains n’est pas monnaie courante dans le monde de la littérature. En ce qui concerne "Voyage du Nautiscaphe", tout est parti d’un atelier d’écriture collaborative organisé il y a quatre ans par Alice Bottarelli, avec cinq autres autrices. A partir d’un jeu de rôles, elles imaginent une nouvelle autour d’un sous-marin à la fin du XIXe siècle.
Celle-ci est envoyée au Prix de l’Ailleurs (prix littéraire de science-fiction) sans succès, car pas assez aboutie. En parallèle, les éditions Presses Inverses manifestent leur intérêt pour ce projet et sur les six autrices de départ, seules Alice Bottarelli, Stéphanie Cadoret et Marilou Rytz voudront poursuivre l’aventure.
Clin d’œil à Jules Verne
Ensemble, les trois écrivaines décident de construire la trame de l’histoire et de s’octroyer un des narrateurs du récit. "Rapidement, on s’est dit qu’on allait prendre en main un personnage et lui donner une voix, confie Marilou Rytz au podcast littéraire QWERTZ du 5 décembre. On s’est également dit que ce serait intéressant de jouer avec les médiums. C’est pourquoi on a un carnet de bord, un journal et un registre d’observation".
Souvent je crois manquer d’air. Je me réveille en sursaut, me cogne contre la bannette supérieure. L’air est si saturé que j’en ai presque perdu l’odorat
Dans "Voyage du Nautiscaphe", chaque personnage apporte une certaine vision de l’humanité: désir de conquête, curiosité, fascination pour les machines, empathie. Sans oublier le fameux Nautiscaphe, qui est aussi un personnage à part entière.
Les autrices reconnaissent que Jules Verne et ses aventures ont été une source d’inspiration pour leur ouvrage. D’ailleurs, en observant la couverture du livre on pense tout de suite à celle de "Vingt mille lieues sous les mers", ainsi qu'à celles des livres d’étrennes de l’époque.
Entre véracité et imaginaire
Une malle dans laquelle on retrouve des manuscrits, une cheminée de plusieurs kilomètres, un bathypithe (sorte de cloche en verre permettant d’explorer les bas-fonds), dans "Voyage du Nautiscaphe" les trois autrices ont laissé leur imaginaire déborder. Ce qui ne les a pas empêchées de se documenter minutieusement sur les croyances de marin et certains mots utilisés par le peuple maori.
On a joué sur l’uchronie, qui est un genre de la science-fiction où l'on change la destinée historique des choses. On s’est également amusé avec l’esthétique steam-punk, où la vapeur joue le rôle d’énergie centrale
Non content de naviguer entre les préoccupations des cinq passagers du sous-marin, la lecture du "Voyage du Nautiscaphe" est aussi agrémentée des magnifiques aquarelles de Stéphanie Cadoret. Paysages de mer, poissons, algues, machines font de cet ouvrage un très bon moment d’évasion.
Sarah Clément
Marilou Rytz, Alice Bottarelli, Stéphanie Cadoret, "Voyage du Nautiscaphe et de sa cheminée dans la fosse des Nouvelles-Hébrides", éd. Presses Inverses, novembre 2024.
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