Un homme dans la réserve naturelle des Hauts de Chartreuse, en France. [AFP - Pierre Jayet]
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Huit recommandations de lecture pour cet été

>> Quel(s) ouvrage(s) glisser cet été dans son sac à dos de randonnée ou dans son sac de plage?

>> Avant de prendre le large, huit chroniqueurs et chroniqueuses ont livré une recommandation de lecture sur le répondeur de l'émission Quartier livre.

>> De la poésie à la science-fiction, en passant par des romans ou des essais, il y en a pour tous les goûts.

RTS Culture

>> A écouter, les coups de coeur et les recommandations estivales des chroniqueuses et chroniqueurs de Quartier livre: :

Emission best off [Anoush Abrar / Collection John Simenon / Musée national suisse / Tribune de Genève]Anoush Abrar / Collection John Simenon / Musée national suisse / Tribune de Genève
Prendre le large / Quartier livre / 56 min. / le 30 juin 2024

Marina Salzmann, "fresco stasera", éditions Bernard Campiche

Poésie au coeur du monde

La couverture de "fresco stasera", de Marina Salzmann. [Editions Bernard Campiche]
La couverture de "fresco stasera", de Marina Salzmann. [Editions Bernard Campiche]

"Ce recueil de poèmes m'a beaucoup touché. J'aime la poésie qui, comme une fleur, s'épanouit au coeur du monde, alors que trop souvent la poésie cherche plutôt à le fuir, à moins qu'il ne s'agisse d'oublier son corps avec ses douleurs avec ses laideurs, avec ses désirs. Or, pour ma part, j'aime que le poème soit à la hauteur de la femme ou de l'homme qui le fait, ni plus bas, ni plus haut.

Aussi, j'ai particulièrement aimé ces vers jetés au vent, presque gravés sur la dureté de la pierre, presque ramassés sur le bord de la mer parmi les écumes, les algues, les coquillages et les charognes, sous le croassement brûlant de ces oiseaux qui s'enlèvent d'un seul coup d'aile sous le soleil. J'ai aimé ces vers pressés qui se vident de tout le vin du monde. Leur ivresse était douce, ma joie était profonde."

Par Quentin Mouron.

Catherine Dorion, "Les luttes fécondes, libérer le désir en amour et en politique", éditions Binge Audio

Exprimer nos désirs hors des carcans

Couverture de "Les luttes fécondes, libérer le désir en amour et en politique", de Catherine Dorion. [Editions Binge Audio]
Couverture de "Les luttes fécondes, libérer le désir en amour et en politique", de Catherine Dorion. [Editions Binge Audio]

"Ce livre m'a fait réfléchir et a déclenché chez moi des élans d'espoir et des envies de révolution ou d'engagement intime, mais aussi collectif, libre et porteur de joie.

Publié au Québec en 2017, le livre a été rendu disponible dans le reste de la francophonie par la journaliste Victoire Tuaillon qui l'a publié aux éditions Binge Audio en février 2024.

Victoire Tuaillon décrit ce livre comme un 'plan d'évasion' et je suis tout à fait d'accord avec elle. Dans une langue directe, drôle et inspirante, Catherine Dorion propose des pistes pour exprimer nos désirs en dehors des carcans qui les étreignent".

Par Fanny Wobmann.

Pascale Kramer, "Les indulgences", éditions Flammarion

Les ambivalences des relations intimes

Couverture de "Les indulgences" de Pascale Kramer. [Editions Flammarion]
Couverture de "Les indulgences" de Pascale Kramer. [Editions Flammarion]

"Pascale Kramer met en scène la jeune Clémence, qui a une relation avec son oncle et se dit amoureuse de cet homme à femmes complètement immature. Le récit court sur une quarantaine d'années et l'écrivaine sonde les répercussions de ce secret sur toute une constellation familiale.

En maîtresse incontestée de la nuance, Pascale Kramer saisit comme personne les contradictions de ses personnages, les ambivalences des relations intimes. Elle est à l'écoute des corps et de tout ce qui demeure sous les radars de la morale et des attentes sociales. Beaucoup se joue donc ici dans les silences, derrière les gestes. C'est un grand art de la nuance qui s'exprime dans une langue superbe, des phrases amples et riches capturant les mouvements de l'âme et ses ambiguïtés."

Par Anne Pitteloud.

>> A lire aussi : Pascale Kramer interroge l'ambivalence des relations hommes-femmes dans "Les indulgences"

Samanta Schweblin, "Sept maisons vides", éditions Grasset

Explorer la folie domestique

La couverture de "Sept maisons vides" de Samanta Schweblin. [Editions Grasset]
La couverture de "Sept maisons vides" de Samanta Schweblin. [Editions Grasset]

"Ce recueil de nouvelles tourne autour de la question du foyer. Alors, refuge ou prison, le chez-soi? Dans ces histoires un peu loufoques, la romancière argentine Samanta Schweblin se plante au seuil de la folie domestique.

Cela commence par une mère et sa fille qui tournent en voiture dans les quartiers riches et s'introduisent en cachette dans les villas pour dérober quelques bricoles. Puis ces nouvelles se rempliront de fantômes, de naturistes, de crises de nerfs et de secrets. Samantha Schweblin dit tout haut ce qui nous angoisse tout bas."

Par Salomé Kiner.

Bastien Hauser, "Une singularité", éditions Actes Sud

Le trou noir après un AVC

Couverture de "Une singularité" de Bastien Hauser. [Editions Actes Sud]
Couverture de "Une singularité" de Bastien Hauser. [Editions Actes Sud]

"C'est l'histoire en chute libre d'un jeune homme qui, miraculeusement, survit à un AVC sans trop de séquelles, sinon un grand trou dans son cerveau. Cette tache sur l'imagerie cérébrale est survenue dans sa tête le jour même où a été publiée pour la toute première fois la photographie d'un trou noir joliment baptisé M.

Une coïncidence? Sûrement pas. Le narrateur, qui commence peu à peu à perdre la mémoire, se détache de la réalité pour se lancer dans une sorte de quête cosmique joyeusement désespérée. Un premier roman qui est aussi le portrait d'une jeunesse désenchantée portée par un style qui excelle à nous plonger dans un monde à la fois cohérent et complètement paranoïaque."

Par Thierry Raboud.

>> A lire aussi : "Une singularité", le voyage intérieur de Bastien Hauser entre chaos et cosmos

Bombyx Mori Collectif, "La trame", éditions La Volte

Eco-poésie post-apocalyptique

Couverture de "La trame" par Bombyx Mori Collectif. [Editions La Volte]
Couverture de "La trame" par Bombyx Mori Collectif. [Editions La Volte]

"Il n'y a pas qu'en Suisse romande qu'on s'adonne à l'écriture à plusieurs! Sur des terres secouées par de violentes marées végétales aussi mortelles que fécondes, une communauté nomade a pris le pari du cataclysme. On est clairement dans la veine post-apocalyptique, mais façon décroissance forcée et rétro-végétation. C'est steampunk, mais avec des noms de plantes toxiques et luxuriantes comme 'mousse sporulée' ou 'algues médusantes'. (...)

Comme la plupart des récits produits à plusieurs cerveaux, cela parle au futur, de se mettre ensemble et de se fabriquer un monde habitable à un grand coup de langue collective."

Par Daniel Vuataz.

Thomas Flahaut, "Camille s'en va", éditions de l'Olivier

Au coeur d'une société au bord de l’implosion

La couverture de "Camille s'en va", de Thomas Flahaut. [Editions de l'Olivier]
La couverture de "Camille s'en va", de Thomas Flahaut. [Editions de l'Olivier]

"C'est assez rare d'aimer chaque fois plus le nouveau roman d'un écrivain dont on aime l'univers. Pour moi, c'est ce qui se passe avec Thomas Flahaut. (...)

Ce récit de lutte écologique un brin pessimiste a été une lecture prenante de ces derniers mois, qui me reste en tête, avec des personnages à qui je repense. C'est surtout le livre d'un homme résolument du côté des faibles, du côté des oppressés, et qui utilise sa voix."

Par Pascaline Sordet.

>> A écouter aussi: : Thomas Flahaut, tirez sur le zadiste

Emma Doude van Troostwijk, "Ceux qui appartiennent au jour", éditions de Minuit

Une famille de pasteurs qui perd la mémoire

Couverture de "Ceux qui appartiennent au jour" d'Emma Doude van Troostwijk. [Editions de Minuit]
Couverture de "Ceux qui appartiennent au jour" d'Emma Doude van Troostwijk. [Editions de Minuit]

"Son clair-obscur littéraire m'a touché en plein coeur. Le récit lie des fragments de vie d'une famille de pasteurs néerlandais installés en France. Le grand-père a perdu la mémoire, celle du père lui file entre les doigts.

Quant au fils, il aimerait bien tout oublier pour tracer son propre destin. La narratrice, elle, préserve leur mémoire à travers l'écriture. J'ai beaucoup aimé la plume de l'autrice, très poétique et tout en retenue. Elle m'a beaucoup touchée par sa capacité à dire beaucoup avec très peu."

Par Lorraine Van Nijen.