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"Il faut vendre, mais ce qui compte avant tout, c'est le plaisir de lecteur"

Les 30 ans des éditions de Bernard Campiche
Les 30 ans des éditions de Bernard Campiche / Info en vidéos / 3 min. / le 19 juillet 2016
Il a publié Anne Cunéo, Anne-Lise Grobéty ou Jacques Chessex. Bernard Campiche a passé 30 ans à mettre en lumière et faire découvrir au public les Lettres romandes au travers de sa maison d'édition. Interview anniversaire.

"Vous savez Bertil Galland ne voulait pas que je fasse de l'édition. Il m'a dit tu vas perdre ton argent et tes amis. Les amis, il avait tort, mais pour l'argent il avait raison".

D'abord bibliothécaire, Bernard Campiche, 60 ans aujourd'hui, est devenu éditeur à Orbe en 1986, après que Bertil Galland a fermé sa propre maison d'édition en 1982.

Passionné, ayant grandi entouré de livres - "mon père, historien, possédait 15'000 bouquins", confie-t-il, le Vaudois s'est fait une place dans le microcosme de l'édition romande en s'attachant à l'auteur. Fidèle, l'homme de lettres a notamment publié une trentaine de livres d'Anne Cunéo et une quinzaine de Jacques-Etienne Bovard ou d'Anne-Lise Grobéty pour les plus fameux. Nombreux sont les noms qui reviennent à chaque rentrée littéraire.

J'ai grandi au milieu des livres. Je dis toujours que c'est pour ça que je suis maigre, parce que j'ai grandi entre deux étagères.

Bernard Campiche

Un joli succès

Forte de près de 400 ouvrages, la maison Campiche a aussi vu de belles réussites: "Le trajet d'une rivière" d'Anne Cunéo s'est écoulé à plus de 100'000 exemplaires. Le premier succès était survenu avec Michel Bühler, en 1987 déjà.

Si l'éditeur, qui reçoit en moyenne un manuscrit par jour, est fidèle à ses auteurs, il permet aussi chaque année de belles découvertes. L'une des dernières en date est "Un Lieu sans raison" d'Anne-Claire Decorvet, lauréate du Prix du Public RTS.

"Pour moi ce qui compte avant tout, c'est le plaisir de lecteur, a-t-il expliqué à la RTS. Evidemment, il faut vendre, j'ai fait l'école de commerce donc ça je sais aussi faire, mais ce qui est intéressant, c'est que le bouquin corresponde avant tout à un lectorat précis".

En solo, mais pas le week-end

"Moi le week-end, je suis désolé, mais je me repose. On n'a pas idée de faire travailler quelqu'un le week-end", poursuit l'éditeur avec son franc parler.

Et pourtant cet amoureux des livres ne cesse de travailler depuis chez lui, et toujours tout seul. "Oui, j'aime bien. C'est limite quand ça marche très bien, mais ça va très bien quand ça ne marche pas."

Je me sens assez à part, surtout du fait que je travaille tout seul.

Bernard Campiche

L'éditeur s'étonne même d'arriver au même résultat à lui seul que d'autres petites maisons d'édition qui emploient cinq ou six personnes. "C'est un choix que j'ai fait et j'aime ça. Si j'engage du personnel, j'ai des salaires, un local, des charges sociales... Il faut vendre combien de bouquins pour faire ça?"

Et la suite?

Je vous dirais honnêtement que j'ai assez envie de prendre une retraite.

Bernard Campiche

Quand on lui parle de retraite, Bernard Campiche est tenté... mais pas tout de suite. Il se voit encore continuer entre 5 et 10 ans dans le métier.

"La suite, c'est de tenir le coup. Et de remettre, je ne sais pas quand, la maison à une autre structure pour qu'elle continue. Je ne tiens pas forcément à mon nom, mais j'aimerais que le contact et l'attention aux manuscrits puissent rester les mêmes après moi".

>> Le reportage du 19h30 sur Bernard Campiche :

Bernard Campiche fait partie des rares éditeurs qui publient des ouvrages en Suisse romande
Bernard Campiche fait partie des rares éditeurs qui publient des ouvrages en Suisse romande / 19h30 / 2 min. / le 18 août 2016

Alain Christen/sbad

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