Peter Stamm maîtrise à la perfection l’art de sonder le banal. L’art de captiver son lecteur, d’enflammer son imagination, avec presque rien.
"L'un l'autre", une histoire banale
Un soir d'été, à la nuit tombante, sans raison, d’une seconde à l’autre, Thomas pousse, sans la faire grincer, le portail du jardin familial et s’en va. Il laisse femme et enfants endormis derrière lui et s’enfonce dans le paysage. Il chemine du côté du lac de Zürich. Villes, villages et hameaux se succèdent: propres, rangés, désertés dès la tombée du soleil.
Passée sa stupeur, surmonté un premier sentiment de honte, Astrid, sa femme se met à sa recherche, avec empathie, mue par une déroutante confiance.
Thomas et Astrid avaient mis les enfants au lit, ils s'étaient assis sur le banc en bois devant la maison, avec chacun un verre de vin, s'étaient partagé le journal du dimanche. Au bout d'un moment, la voix pleurnicharde de Konrad s'était fait entendre, Astrid avait posé en soupirant sa partie du journal sur le banc, avait vidé son verre, était retournée à l'intérieur sans un mot et n'était pas ressortie. Thomas entendit des murmures apaisants et, peu de temps après, il vit la lumière s'allumer dans le salon. Puis il entendit la fenêtre se fermer, claquement sec qui clôturait la journée, le week-end, les vacances.
"On peut le lire comme un livre sur la mort, ou sur l'amour, sur le couple et même sur la Suisse, un peu", dit-il au micro de la RTS.
Roman d'amour
Pas de sang. Peu d’action et pourtant une tension soutenue d’un bout à l’autre de cet étrange roman d'amour.
Son roman est surtout celui d'un départ, celui de Thomas. "Je savais qu'il allait partir, mais je n'avais aucune idée s'il allait revenir.[...] J'ai juste suivi mes personnages", rajoute-t-il.
Marlène Métrailler/mcc