L'auteure Kim Thúy souligne l’homogénéité dans la diversité de la ville de Montréal, au micro de la RTS. Son conseil? Prendre le bus, ligne 55, qui traverse le quartier chinois avant de s'enfoncer dans celui des Portugais pour resurgir dans les rues branchées du Mont Royal et gagner la Petite Italie. Montréal abrite une société plurielle qui se reflète dans sa littérature.
Sans complexe, Kim Thúy avoue s’être appropriée la province et cette langue, le français, qui paradoxalement lui permet de remonter jusqu’au Viêt Nam, quitté avec des centaines de milliers d’autres boat-people alors qu’elle avait 10 ans. Et découvre, en conversant avec la poète innue Joséphine Bacon, un point commun aussi vrai qu’improbable entre Innus et Vietnamiens. Une tache de naissance sur les fesses qui disparaît, paraît-il, quelques années plus tard...
Se jouer des frontières
Kim Thúy dévore les bagels de Fairmont mais ses romans parlent d’une identité et d’une histoire qui se cherchent. Nicolas Dickner, dont la plume brillante explore la mondialisation et l’opacité du système capitaliste, se joue des frontières et recrée une mythologie contemporaine pour une génération en manque de racines.
Quant à Joséphine Bacon, documentariste et poète innue coupée très jeune des siens, comme la plupart des enfants amérindiens, c’est aux aînés qu’elle a pensé d'abord en écrivant avant de trouver les mots pour transmettre une mémoire retrouvée et une langue aux jeunes de sa communauté. Et aussi pour faire comprendre, et admettre, une culture à des Québécois pas toujours à l’écoute.
Anik Schuin/mh