Seule une partie de la maison historique, qui comprend le bureau de l’écrivain, sera mise à disposition. Pour les opposants, le projet trahit la réalité du lieu.
"La Muette", ancienne maison de vigneron rose aux volet verts, est en effet au coeur des débats sur l'héritage de Charles Ferdinand Ramuz.
Location et espace dédié à l'écrivain
L'écrivain vaudois y a habité de 1930 jusqu'à sa mort en 1947.
La commune de Pully et les héritiers veulent y créer un espace restreint centré sur l'oeuvre de l'écrivain. Les étages supérieurs devraient être rénovés et loués à des privés.
"La maison ne présente aucun intérêt"
Pour Pierre Frey, historien de l'art et professeur honoraire d'architecture à l'EPFL, cette utilisation partielle de la maison est suffisante.
"Cette maison en elle-même ne présente aucun intérêt. Ramuz lui-même n'en a rien fait: il l'a meublée, habité, point à la ligne. L'oeuvre de Ramuz est littéraire, si on veut l'apprécier, il faut la lire", estime-t-il.
"Le lien avec le lieu où l'oeuvre a été produite n'est pas évident, à moins que l'on fétichise tous les endroits où Ramuz s'est assis."
Indissociable de l'oeuvre de Ramuz
Un comité s'oppose à ce projet. Selon lui, il est minimaliste et efface l'âme de la maison, lieu indissociable de l'oeuvre littéraire de Ramuz. Les opposants ont récolté plus de 1200 signatures.
Doris Jakubec, professeure de littérature romande, partage cette avis, évoquant l'importance du lieu.
"Patrimoine invisible"
"Une maison d'écrivain, ça se garde. On peut y faire des expositions, donner des résidences à des écrivains... L'importance, c'est de garder un certain esprit, lié à l'auteur, à son esthétique, à sa façon de voir le monde. C'est une sorte de patrimoine invisible, fortement inspiré du patrimoine visible", explique-t-elle.
Si "La Muette" fait autant parler d'elle, elle montre qu'au delà des écrits, les lieux et les maisons font aussi partie du patrimoine littéraire suisse romand.
Camille Degott/kkub