Modifié

"L'été des charognes", roman couleur sang sur fond de Mike Brant

La couverture de "L'été des charognes" de Simon Johannin. [éditions Allia]
Billy Crawford / Les romans qui chantent / 5 min. / le 9 juillet 2017
Simon Johannin n'a que 23 ans. Avec "L'été des charognes", paru aux éditions Allia, il signe un premier roman coup de poing qui laisse le lecteur littéralement K.O.

Tout commence par une scène de lapidation d'un chien. "L'été des charognes" porte bien son nom et les cadavres de chiens, de chats, de poules, de moutons et autres chevaux ne manquent pas. Il ne faut pas avoir mangé trop gras ou trop lourd avant d'attaquer la lecture de ce roman fulgurant.

Le narrateur est un môme qui grandit dans un hameau du Tarn en France. Pas d'Internet et pas de portable, on s'occupe en se jetant des cailloux à la gueule ou en déterrant les os des cadavres d'animaux. On apprend aussi à boire, très vite, et beaucoup. Au hameau, ce sont même les mômes qui conduisent les voitures quand leurs parents sont trop bourrés pour le faire. Et la mère, dans la cuisine, écoute Mike Brant à fond.

La naissance d'un grand écrivain

À la campagne, la vie est dure, la communication minimaliste, les roustes et les mandales font office d'éducation. Pas de misérabilisme ni de pleurnicherie pourtant dans l'écriture ciselée de Simon Johannin. Les 140 pages menées avec brio nous font passer de la prime enfance à l'école et là, les mômes du hameau sont confrontés à ceux des gros villages de la vallée. Et une fois de plus, les choses se règlent à coups de poings et à coups de pieds.

Les dernières pages nous donnent à découvrir le narrateur quelques années et quelques amours déçues plus tard et, franchement, pas en très bon état! Une scène plutôt inattendue vient conclure d'un trait de lumière ce roman qui a la couleur du sang séché, des abats, des viscères et des pires turbulences de l'âme. Un portrait sans concession de la ruralité la plus âpre, mais aussi la naissance d'un écrivain, un grand. Côté bande-son, Mike Brant donc, mais aussi 113 pour le rap, une allusion au "Putain de camion" de Renaud, et plus étonnamment, Billy Crawford.

>> Retrouvez tous les romans de l'été ici : Les romans qui chantent

Pascal Schouwey/ld

Publié Modifié