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"Vernon Subutex 3", un roman sur fond de 80 références musicales

Virginie Despentes à Madrid le 9 juin 2016.

Photo rachetée le 13.01.2022. [Keystone - Juan Carlos Hidalgo]
La Souris déglinguée / Les romans qui chantent / 6 min. / le 29 juillet 2017
Qu’avons-nous fait des rêves de nos vingt ans? Qu’en reste-t-il lorsque arrive la cinquantaine? C’est, en substance, les questions auxquelles répond Virginie Despentes avec la trilogie Vernon Subutex.

Dans le premier tome, l'auteure jetait un regard acéré sur les années quatre-vingt. Vernon Subutex, disquaire en vogue, doit fermer sa boutique, crise du disque oblige. Il fait le tour de ses connaissances pour savoir qui peut l’héberger.

Le deuxième volume nous livre un Subutex SDF, devenu une sorte de gourou entouré d’une bande hétéroclite dont chacun des membres est notamment décrit au travers des musiques qu’il écoute.

Pour le troisième et dernier volet, paru chez Grasset, Virginie Despentes donne le ton dès l’exergue en citant la chanson "Lazarus" de David Bowie.

Un regard lucide et sans concession sur l'état du monde

Si le roman est l’occasion de rendre hommage aux grands disparus de l’année 2016, Bowie, Prince et Lemmy, du groupe Motörhead, il est aussi l’occasion de mettre une croix sur bien des espoirs nés dans les eighties. L’amour, la fraternité, que Subutex va pourtant faire renaître lors des convergences, rendez-vous musicaux sauvages et déconnectés, mais aussi la politique, celle de la gauche en particulier. Le regard de Virginie Despentes sur l’état du monde est lucide et sans concession: homophobie et racisme décomplexés, peur chevillée au corps et qui va grandissant attentat après attentat, disparition des repères, des mythes, des utopies.

Virginie Despentes est l’un des rares auteurs (avec Houellebecq) à oser s’attaquer de front à l’actualité et à l’état actuel du monde, un monde en constante évolution et difficile à comprendre. Et ce, à l’heure ou fleurissent les romans historiques, toutes époques confondues, tellement moins dangereux. Elle va même jusqu’à tutoyer l’anticipation dans les dernières pages de ce superbe et bouleversant roman, entrouvrant la porte de l’année 2186.

Une bande-son extraordinaire

Et la bande-son de ce Vernon Subutex 3 est, une fois de plus, extraordinaire avec près de 80 références musicales, tous genres et toutes époques confondus, des plus célèbres aux plus underground. Une majorité d’Anglo-Saxons, deux références classiques, l'Internationale et la Marseillaise pour faire bonne mesure et des francophones, notamment Joey Starr, Barbara, Aznavour, Thiéfaine, Miossec, Parabellum et La Souris déglinguée.

>> Retrouvez tous les romans de l'été ici : Les romans qui chantent

Pascal Schouwey/mh

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