Pascal Schouwey n'est jamais à court de lectures, encore moins lorsqu'il s'agit de dénicher la place occupée par la musique dans les nombreux romans ou essais qu'il parcourt.
Dans sa chronique estivale sur Option Musique, il nous révèle la bande-son qui se dissimule derrière les pages.
"Vous connaissez peut-être"
Joann Sfar s'interroge sur notre monde ultra-connecté avec Gainsbourg et Montand en fond musical
Question subsidiaire. Peut-on encore raconter des histoires légères dans un monde où l'horreur, le drame et la violence surgissent au quotidien? Pour y répondre, Joann Sfar convoque Georges Brassens et Yves Montand, ce dernier avec la chanson "Le chat de la voisine".
"Vous connaissez peut-être", un roman de Joann Sfar aussi fort que dérangeant, publié chez Albin Michel, qui vous fera réfléchir à deux fois avant de cliquer sur "Vous connaissez peut-être".
Elise Thiébaut décortique les règles sur fond de "Don't be shy" de Imany
"Ceci est mon sang" d'Elise Thiébaut, publié aux éditions de La Découverte, raconte la petite et la grande histoire des règles, et c'est tout simplement passionnant. Un livre à mettre entre toutes les mains, y compris celles des hommes qui ont tout intérêt à comprendre un cycle sans lequel ils ne seraient pas de ce monde.
Joe Dassin, Mike Brant, Indochine, Léo Ferré, Abba, les Rolling Stones, David Bowie, Lou Reed, Tracy Chapman et Imany, avec la chanson "Don't be shy", du film "Sous les jupes des filles", composent la bande-son du livre.
Un roman de Philippe Besson sur fond de musique des années 80
Le talent de Philippe Besson est de nous faire entrer dans l'intimité de deux jeunes hommes, mais sans jamais faire de nous des voyeurs. Il inscrit son histoire dans une époque, parsemant son récit d'éléments politiques et culturels, qui permettent de parfaitement apprécier le contexte.
Il y a des références musicales dans ce beau roman, Jacques Brel, Fragson, Edith Piaf, Corine Marchand, mais la plupart des chansons croisées viennent donc des années 80, avec des artistes comme Bronski Beat, Téléphone, Bruce Springsteen, Wham, Kenny Loggins, Jeanne Mas, Cindy Lauper ou Nena.
"99 Luftballons", par Nena, est l'une des nombreuses chansons croisées au fil des pages de "Arrête avec tes mensonges", magnifique roman de Philippe Besson aux éditions Julliard.
Qu'avons-nous fait de nos rêves de vingt ans? Qu'en reste-t-il lorsque arrive la cinquantaine? C'est, en substance, les questions auxquelles répond Virginie Despentes avec la trilogie "Vernon Subutex".
Et la bande-son de ce "Vernon Subutex 3" est, une fois de plus, extraordinaire avec près de 80 références musicales, tous genres et toutes époques confondus, des plus célèbres aux plus underground. Une majorité d'Anglo-Saxons, deux références classiques, "l'Internationale" et "la Marseillaise" pour faire bonne mesure et des francophones, notamment Joey Starr, Barbara, Aznavour, Thiéfaine, Miossec, Parabellum et La Souris déglinguée.
La bande-son engagée de Manon Schick dans son livre de portraits
Avec ces portraits de femmes remarquables, militantes parce qu'elles ne pouvaient pas faire autrement, Manon Schick dresse un tableau des Droits de l'homme à travers le monde dans "Mes héroïnes, des femmes qui s'engagent", publié aux Editions Favre.
Pour la bande-son, Mercedes Sosa, Mala Mujer, une salsa très populaire en Colombie, Emmanuel Jal, musicien et ancien enfant soldat sud-soudanais, Madonna et puis cette chanson dont Manon Schick a acheté les 45 tours lorsqu'elle avait dix ans, persuadée ainsi de sauver un enfant éthiopien: "We are the World" de USA for Africa, l'une des chansons croisées au fil des pages de "Mes héroïnes, des femmes qui s'engagent", l'essai de Manon Schick publié aux éditions Favre.
Un roman couleur sang de Simon Johannin sur fond de Mike Brant
Simon Johannin n'a que 23 ans. Avec "L'été des charognes", paru aux éditions Allia, il signe un premier roman coup de poing qui laisse le lecteur littéralement K.O.
Un roman qui a la couleur du sang séché, des abats, des viscères et des pires turbulences de l'âme. Un portrait sans concession de la ruralité la plus âpre, mais aussi la naissance d'un écrivain, un grand. Côté bande-son, Mike Brant, mais aussi 113 pour le rap, une allusion au "Putain de camion" de Renaud, et plus étonnamment, Billy Crawford.
On connaît Magyd Cherfi pour sa contribution plus qu'essentielle au groupe Zebda. Mais il est aussi un auteur de plus en plus reconnu. Son dernier récit, "Ma part de Gaulois", a même été sélectionné sur la liste du Goncourt 2016.
Depuis "Livret de famille", l'écriture de Magyd Cherfi s'est densifiée et fluidifiée. Il parle à son lecteur comme à un ami, un confident. Là où l'auteur tentait d'attirer l'attention il y a treize ans, il dresse aujourd'hui un constat largement plus désabusé, comme si l'espoir s'était singulièrement amenuisé. Un livre fort sur l'un des problèmes majeurs de la France. La bande-son est d'une richesse incroyable et c'est toute une époque musicale qui est passée en revue.