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Le cinéma incite les jeunes à fréquenter les magasins de BD

Une femme lit une BD de "Black Panther", un super-héros de l'univers Marvel. [AFP - Thimothy A. Clary]
Une femme lit une BD de "Black Panther", un super-héros de l'univers Marvel. - [AFP - Thimothy A. Clary]
Cinéma, séries ou jeux – les histoires de super-héros font florès. En Suisse, cela se ressent aussi dans les magasins de bandes dessinées, surtout auprès du public jeune.

Au cinéma, les aventures des super-héros inspirés des comics ont la cote. Les magasins de BD profitent eux aussi de cette tendance. Leur chiffre d'affaires n'explose pas, mais leur clientèle rajeunit. Seul bémol: beaucoup de nouveaux lecteurs de comics décrochent au bout d'un certain temps.

Spider Man, Logan, Wonder Woman, les Gardiens de la galaxie et Harley Quinn dans "Suicide Squad": beaucoup de super-héros et de super-héroïnes de l'univers des comics sont actuellement à l'affiche dans les salles obscures.

Les films de super-héros, un succès garanti

Les éditeurs de comics comme Marvel et DC développent leur univers cinématographique. Et pour cause: si les super-héros sauvent le monde de façon spectaculaire à l'écran, ils sont aussi souvent synonymes de recettes exceptionnelles dans les caisses. D'après IMDb (Internet Movie Data base), quatre adaptations de comics pour le cinéma figurent au top 10 des plus grands succès mondiaux de l'année dernière.

Les recettes historiques des studios Disney sont liées au succès de films comme "Captain America: Civil War". [The Picture Desk - Kobal]
Les recettes historiques des studios Disney sont liées au succès de films comme "Captain America: Civil War". [The Picture Desk - Kobal]

Les séries "Legion" et "Iron Fist", entre autres, misent elles aussi sur la force d'attraction des super-héros.

Les histoires de super-héros font rêver – que ce soit au cinéma, dans les séries, ou dans les jeux. La tendance a-t-elle des répercussions positives sur le chiffre d'affaires des magasins de BD en Suisse? Ou s'accompagne-t-elle d'une fuite des lecteurs, comme s'en est plaint récemment le patron d'une boutique aux États-Unis?

Le cinéma rend curieux

Dans le circuit depuis 35 ans, Angela Heimberg dirige le Comix-Shop, à Bâle, l'un des plus vieux magasins de BD de Suisse. Pour elle, "le fait que les comics attirent autant l'attention nous aide beaucoup". Cela n'a pas toujours été le cas. Angela Heimberg cite l'exemple de "Sin City": le film a été un gros succès en 2005 au cinéma, mais peu de spectateurs ont eu envie de lire la BD.

Une bonne dizaine d'années plus tard, les répercussions sont à ses yeux bien plus fortes avec des blockbusters comme "Deadpool" ou "Suicide Squad". "De plus en plus de clients nous demandent les BD des super-héros qu'ils ont vus au cinéma."

L'affiche du film "Deadpool".
L'affiche du film "Deadpool".

Un intérêt de courte durée

Benno Schärli, gérant du Co-Mix Remix, à Lucerne, connaît bien cette tendance lui aussi. Cela dit, la demande de comics reste relativement modeste par rapport au cinéma. D'après son expérience, beaucoup ne sont que des "feux de paille": l'engouement pour un personnage ou une série retombe vite.

"Beaucoup de gens voient un film au cinéma et achètent ensuite le volume 1 d'une série, peut-être le volume 2. Arrivés au 3e volume, ils laissent tomber." Selon lui, seuls deux nouveaux lecteurs sur dix persévèrent.

Fausses attentes

Ainsi, 80 % des nouveaux clients disparaissent après peu de temps – c'est également ce qu'a constaté Roland Steiner, du magasin zurichois Analph, spécialisé dans les comics américains depuis 25 ans: "personne n'arrêtera de lire des comics parce qu'il y a plus de films ou de jeux. Mais personne ne se met à lire durablement des comics à cause d'un film".

Pour Roland Steiner, la raison tient aux fausses attentes des cinéphiles: "ils veulent lire l'histoire telle qu'elle est racontée dans le film. Mais les comics ont souvent 60 ans d'existence et sont complexes. Cela en effraie plus d'un."

Des exemplaires vintage de Comics Marvel à vendre au St. Mark's Comics à New York en 2009. [AFP - Mario Tama]
Des exemplaires vintage de Comics Marvel à vendre au St. Mark's Comics à New York en 2009. [AFP - Mario Tama]

Une clientèle rajeunie

Les trois professionnels de la bande dessinée sont d'accord sur un point: l'engouement pour les super-héros n'a pas boosté leur chiffre d'affaires, mais leur clientèle a rajeuni. Pour les trois patrons de magasins indépendants, les chiffres d'affaires restent stables. Leur clientèle résiste aux tendances. Comme l'ensemble des libraires suisses, ils ressentent les effets d'un euro faible.

Les super-héros des comics américains ne sont pas synonymes de jackpot: les mangas japonais ou la bande dessinée franco-belge se taillent toujours la part du lion.

"Jusqu'à présent, les comics étaient surtout prisés des collectionneurs adultes, qui les suivaient sur plusieurs décennies", explique Angela Heimberg. "Avec l'adaptation au cinéma des histoires de personnages cools comme Harley Quinn, beaucoup de jeunes lecteurs viennent nous voir."

Harley Quinn, super-héroïne de "Suicide Squad". [AFP - Warner Bros]
Harley Quinn, super-héroïne de "Suicide Squad". [AFP - Warner Bros]

Les rebelles ont la cote

Si les jeunes se tournent vers les comics, c'est grâce à un marketing habile qui place les super-héros dans des films grand public. Mais ce n'est pas la seule raison. À en croire Angela Heimberg, du magasin bâlois Comix, cela tient aussi à la nouvelle génération de comics: "Marvel et DC ont dépensé beaucoup d'énergie pour revisiter leurs personnages. Ils sont plus insolents, plus excentriques, plus fantasques, plus hauts en couleur."

Les grands héros insaisissables ne sont pas les seuls à avoir la cote, les personnages transgressifs et les outsiders séduisent aussi. Ce sont eux qui donnent du piquant et de la drôlerie aux histoires – et qui reflètent l'esprit des jeunes d'aujourd'hui.

Mirja Gabathuler (SRF)/ld

Cet article a été publié sur SRF Kultur le 27 juilllet 2017.

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Le cinéma, un concurrent?

Cette année – pour la première fois depuis 44 ans – Mile High Comics, un grand magasin de comics américain, n'a pas fait le déplacement à San Diego pour le salon Comic-Con. Raison invoquée: les événements organisés autour des films et des jeux attirent davantage le public qu'un salon classique.