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Warsan Shire, la poétesse anglo-somalienne qui a inspiré Beyoncé

Portrait de la poétesse Anglo-Somalienne Warsan Shire qui a inspiré Beyoncé. [facebook.com/Warsan-Shire - facebook.com/Warsan-Shire]
Cellulose - Warsan Shire, la poétesse aimée de Beyoncé / Pony Express / 13 min. / le 20 septembre 2017
Le premier recueil de poèmes de Warsan Shire "Où j'apprends à ma mère à donner naissance", est enfin disponible en version française. L'authenticité des textes de cette poète moderne et engagée saisit par sa force.

Warsan Shire n'a rien à voir avec le romantisme allemand ou les paysans de Ramuz. La jeune femme de 28 ans est née au Kenya de parents somaliens. Elle a à peine un an lorsque ses parents s'installent à Londres où elle grandit et se fait repérer par l'un de ses professeurs pour ses talents littéraires.

Les débuts de Warsan Shire

La poétesse vit aujourd'hui à Los Angeles. Avec 37'000 followers sur Instagram et à peu près le triple sur Twitter, elle est une vraie poète moderne de son époque. Vieux tubes de Kendrick Lamar, commentaires sur ses séries préférées, photos de sa famille et coups de gueule engagés, ce sont là toutes les inspirations que l'artiste poste sur les réseaux sociaux et que l'on retrouve dans ses poèmes.

Son parcours est marqué par deux emblèmes très contemporains: Tumblr et Beyoncé. Elle a en effet longtemps publié des extraits de son travail sur un blog, c'est comme cela qu'elle s'est fait connaître sur le web.

Des poèmes très forts

Dans ses poèmes Warsan Shire raconte des histoires de famille, d'amour, des drames, personnels ou universels comme les migrants ou les abus sexuels. Elle parle aussi de confiance en soi, de fierté, de tradition, de solidarité... autant de sujets qui touchent tout le monde. Les images sont percutantes.

J'ai la bouche de ma mère et les yeux de mon père sur mon visage, ils sont toujours ensemble.

Warsan Shire, extrait de "Où j'apprends à ma mère à donner naissance" (Ed. Isabelle Sauvage)

C'est le premier recueil de Warsan Shire qui date de 2011 alors qu'elle n'avait que 23 ans. Il a fallu attendre 2017 pour que sa poésie soit enfin traduite en français.

Le tremplin offert par Beyoncé

Alors qu'elle avait déjà gagné plusieurs prix littéraires autour du monde, la chanteuse Beyoncé a eu un réel coup de coeur pour les poèmes de Warsan Shire, elle lui a donc confié une partie de l'écriture de son album "Lemonade".

Ce n'est pas la première fois que Beyoncé s'inspire de la littérature: elle s'était déjà approprié le discours d'une écrivaine nigériane aujourd'hui devenu un livre très populaire intitulé "Nous sommes tous des féministes" pour le morceau "Flawless".

La chanteuse veut s'imposer aujourd'hui comme une icône de la voix féministe. Ses concerts, ses textes et ses clips le prouvent: la diva exploite l'image d'une femme puissante, fière des origines et de son corps, une image qui fait écho aux femmes des poèmes de Warsan Shire.

Un féminisme authentique

À la différence de l'icône, le féminisme de la poétesse n'est lui ni glamour ni opportuniste, il donne simplement la parole à des femmes fortes et inspirantes qui s'affirment: la mère célibataire, la soeur mariée de force, la grand-mère veuve de guerre... Autant de personnages qui existent par leur corps dont l'histoire parle d'interdits, de religion, de discrimination et de racisme.

sk/mg

Warsan Shire, "Où j'apprends à ma mère à donner naissance", Éditions Isabelle Sauvage.

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