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Le procureur de Neuchâtel Nicolas Feuz publie son huitième polar

Nicolas Feuz, auteur de polar, procureur à Neuchâtel. [Dominique Derisbourg - Dominique Derisbourg]
L'invité-e du 5h-6h30 - Première partie - Nicolas Feuz, auteur de polar, procureur à Neuchâtel / La Matinale 5h - 6h30 / 9 min. / le 16 octobre 2017
"Les Noces de sang", le nouveau polar de Nicolas Feuz, sort le 17 octobre. Cet ouvrage écrit par le procureur de Neuchâtel, qui s'est lancé dans l'écriture en 2010, est son huitième polar en sept ans. Entretien.

Dans "Les Noces de sang", on retrouve Michael Donner, le jeune inspecteur de la brigade des stupéfiants neuchâteloise. Le policier est cette fois sur les traces d'un serial killer motivé par une affaire de vengeance autour de la Lex Weber. Dans le roman figurent aussi des policiers pris en otage par d'autres policiers pour protester contre les baisses de salaires à Neuchâtel.

Extraits de l'interview que le magistrat ayant débuté une seconde vie d'écrivain de polar au Kenya en 2010 lors d'un voyage familial a accordé à la RTS.

Puisez-vous directement l'inspiration dans des affaires instruites par vous dans le passé en tant que procureur?

C'est très délicat. Oui je m'inspire de certaines choses mais ce sont plutôt des généralités, sinon je violerais le secret de fonction qui est valable même au-delà de la fin d'une affaire. Comme la manière de travailler sur une scène de crime, comme les dégâts que font un coup de couteau par exemple. Je vais décrire ce que je vois sur le terrain. Les ambiances des scènes de crime, les dialogues avec les médecins légistes...

Je n'ai jamais eu le syndrome de la page blanche pour l'instant, plutôt un questionnement. Une de mes marques de fabrique est de surprendre le lecteur et je me demande jusqu'à quand j'y arriverai!

Nicolas Feuz, écrivain

Avec cette double casquette de procureur et d'auteur de polars, est-ce que vous vous posez des limites morales, éthiques?

Je suis obligé. Vis-à-vis du secret de fonction, par rapport à des histoires existantes, mais aussi par rapport à une question qui revient régulièrement: jusqu'où ai-je le droit de dévoiler des techniques d'investigation existantes? On m'a déjà reproché d'avoir raconté quelque chose dans mes polars que j'aurais dû garder secret. En revanche certains auteurs français, qui eux ne sont pas dans le milieu, en ont déjà parlé, donc ce n'est déjà plus un secret!

Est-ce qu'il y a un comité de relecture au sein de la police neuchâteloise avant chaque parution?

Non pas avant chaque parution. Pour mon roman "Horrora Borealis", qui traitait de la négociation, il y a eu un relecteur neuchâtelois qui m'a fait des commentaires et m'a demandé de supprimer un détail qui était selon lui secret.

Avec "Les Noces de sang", on se ballade un peu partout en Suisse romande: mises en scène macabres dans le château de Gruyères ou dans la cathédrale de Lausanne. La géographie romande se prête-t-elle particulièrement au genre du polar?

Avec Marc Voltenauer et Sébastien Meier, nous sommes plusieurs à constituer le cercle des auteurs de polars romands. Effectivement la Suisse romande se prête bien à ça, comme n'importe quel lieu du monde finalement!

Que l'on soit à New York ou dans un petit village paumé, l'attrait est le même.

Nicolas Feuz, procureur de Neuchâtelet auteur de polars

Vous avez créé l'année dernière le Cercle des auteurs de polars romands, est-ce qu'il y a une vraie solidarité entre vous, pas d'envies de petits meurtres entre amis?

Il n'y a pas lieu d'avoir de la concurrence entre nous, il y a de la place pour tout le monde. On n'écrit pas tous un polar par mois, un par an c'est déjà beaucoup. On partage les mêmes lecteurs. Une fois qu'il a fini le livre de l'un d'entre nous, il s'attaque au prochain. Il y a plutôt une solidarité: on va pousser le lecteur à lire du polar romand, plutôt qu'il aille chercher dans l'Américain, le Nordique...

Depuis le début de votre carrière d'auteur vous êtes auto-édité, est-ce que c'est dur aujourd'hui de trouver une maison d'édition?

La réalité du terrain, c'est que c'est effectivement difficile (...), surtout quand on démarre. Aujourd'hui j'ai la chance d'avoir plusieurs sollicitations d'éditeurs parisiens qui sont venus spontanément me trouver (...) Mais cela m'a tenu à coeur de publier ce dernier polar en auto-édition car il est lié aux quatre autres. Quand on discute avec un éditeur parisien il veut une nouveauté avec de nouveaux personnages. Mais pour le prochain, cela devrait se faire, je l'espère.

Laisser de côté le costume de procureur pour devenir à 100% auteur de polar, est-ce envisageable? Vous arriveriez à en vivre?

Si le succès demeure au niveau de la Suisse romande, clairement non. Il faudrait que le succès s'étende à la France, à la Belgique, au Canada, voire à des traductions.

Propos recueillis par Yann Amedro

Adaptation web: Meili Gernet

Nicolas Feuz sera l'un des invités du festival de polar Lausan'noir, du 27 au 29 octobre.

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