Madeleine Roud (1893-1971) discrète — presque effacée. Omniprésente et définitivement dévouée à son frère. Curieuse et fine, elle est passionnée d’aéronautique. C’est elle le déclic pour Bruno Pellegrino. C’est elle qui l’a convaincu d’apporter sa pierre à l’édifice intimidant de l’œuvre du poète.
Gustave Roud (1897-1976), appareil de photo en bandoulière, traque l’inspiration. Solitaire. Bâtir patiemment — douloureusement parfois — l’œuvre exigeante d’une vie. Passion du mot juste.
Le troisième personnage, c’est la maison familiale de Carrouge (VD). Source d’inspiration autant pour Gustave Roud que pour Bruno Pellegrino. La maison, paisible. Immense et immuable. Le jardin, les fleurs et les arbres tout autour.
Cent ans d'écart entre l'auteur et le poète
Chez les Roud comme dans le texte, le temps s’étire avec gourmandise. Point de voyeurisme. Seule compte la précision des gestes, aussi anodins soient-ils. Et le lecteur de s’inviter dans les lieux. Essentiel et émouvant.
Entre Gustave Roud et Bruno Pellegrino, né en 1988, il y a cent ans d’écart. Entre eux, il y a un territoire partagé, le benjamin a passé toute son enfance à une quinzaine de kilomètres de la maison des Roud.
Quatre ans de labeur
Bruno, passionné de littérature, ne lit pas de poésie. Au cours de ses études, le jeune homme croise forcément le poète, mais au départ ce sont les photographies de Roud qui le fascinent. La nature, les paysans au torse nu. Ce sont elles qui le poussent à se jeter sur les textes.
"Mais qu’est-ce qui me fascine autant chez cet homme?" Ainsi naît le roman. Quatre ans de labeur et d’enquêtes exhaustives avant que – drôle de coïncidence – Bruno Pellegrino ne soit engagé au Centre de recherches sur les lettres romandes de l'Université de Lausanne (CRLR), pour collaborer aux éditions complètes de Gustave Roud.
Un auteur précoce
Bruno Pellegrino est tombé en littérature. Lecteur avide, il chronique des livres. Il étudie naturellement les lettres. Même pas trente ans et déjà une série d’ouvrages signés.
Collectivement, dans le cadre de l’AJAR, l’association des jeunes auteurs romands, dont il est cofondateur. "Vivre près des tilleuls" (Flammarion), roman écrit par 18 mains, en 2016, "Stand By" (Editions Zoé), en 2018, en trio avec Aude Seigne et Daniel Vuataz.
A titre personnel: "Atlas nègre" (Editions Tind), en 2015, "Electrocuter une éléphante" (Editions Paulette), en 2017. Autant d’ouvrages qui ont déjà forcé le respect de la critique.
Marlène Métrailler/jd
Bruno Pellegrino, "Là-bas, août est un mois d’automne", Editions Zoé