Ses oeuvres
Romancier, essayiste, chroniqueur, George Orwell (de son vrai nom Eric Arthur Blair) a fait de son pseudonyme un adjectif. On dit "orwellien" quand il s'agit de brocarder l'hyper-surveillance, de dénoncer les ravages de la novlangue, de se méfier du culte de la personnalité ou de stigmatiser la délation généralisée.
L'oeuvre d'Orwell est empreinte de ses engagements qui, eux-mêmes, sont le fruit de ses expériences sur le terrain. Ses deux livres les plus fameux restent "La ferme des animaux" (1944), refusé par quatre éditeurs qui estimaient que sa dénonciation du stalinisme était prématurée alors que l'Allemagne n'avait pas encore capitulé, ainsi que "1984" (1948), fable sur le totalitarisme.
La traduction en français, et la publication en 2009, de ses "Ecrits politiques" de 1928 à 1949, témoignent de son cheminement intellectuel. Ses réflexions sur la démocratie, sa dénonciation de l'empire britannique, sa vision de l'information, sa critique des intellectuels aveugles et son "patriotisme révolutionnaire" sont autant d'étapes dans sa trajectoire atypique.
Orwell croit en la vertu de l'expérience, rien ne l'agace autant que les théoriciens, "ces mouches de salon".
Sa vie
Il fut oppresseur avant d'être oppressé.
Né le 25 juin 1903 en Inde dans une famille bourgeoise qui doit sa prospérité à l'impérialisme britannique, le jeune Orwell se destine à une carrière de policier en Birmanie, après des études au prestigieux Collège d’Eton.
Cinq ans plus tard, en 1927, il quitte la Birmanie profondément écœuré par le système colonial, expression de la violence pure, dont il fait un puissant compte rendu dans "Une histoire birmane". Orwell la résume par cette formule: "L’un maintient l’indigène à terre pendant que l’autre lui fait les poches."
De retour en Angleterre, il annonce qu'il sera écrivain, alors que de son propre aveu, il n'a aucune disposition pour l'écriture. Comme pour se libérer d'une culpabilité de classe, il vit dans les bas-fonds londoniens, puis quelques mois à Paris, où il fréquente les plus démunis d'entre les démunis. Il en tire un ouvrage, "La dèche à Paris et Londres" en 1933. Succès d'estime. Sa fréquentation des mineurs dans le nord de l'Angleterre, au coeur du prolétariat, le convertit au socialisme.
En 1936, il part en Espagne pour y rédiger des articles mais surtout pour combattre dans les milices du POUM (le Parti ouvrier d'unification marxiste). Il est blessé à la gorge. En 1937, il assiste à Barcelone à la liquidation des anarchistes et des socialistes révolutionnaires par les communistes dʹobédience stalinienne. Il racontera dans "Hommage à la Catalogne" comment ses yeux se sont dessillés. Son discours est autant une critique du pouvoir franquiste que la dénonciation des agissements des groupes stalinistes. Une grande partie des thèmes développés dans cet essai personnel se retrouva dans "1984".
Il meurt le 21 janvier 1950 d'une pneumonie contractée plusieurs années auparavant.
Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire.
George Orwell