Guillaume Meurice et son ami Cosme percent le secret des "Voyelles"

"Cosme", c'est l'histoire d'un dialogue par-delà le temps, les époques et les conditions sociales; une conversation qui, nuit après nuit, éclaire chacun de ceux qui y prennent part: Cosme Olvera, fils d'immigrés espagnols, Guillaume Meurice, l'auteur et Arthur Rimbaud, le poète mort il y a plus d'un siècle, emportant avec lui ses secrets littéraires.

Un remède contre le doute

Cosme, marginal génial, ancien chômeur, ex-sdf, aujourd'hui régisseur de théâtre, cheveux longs et pantalon bouffant, fou d'échecs et de littérature, sans diplôme, trouve dans l'écriture un remède aux doutes qui tapissent son réel. Et, puis un jour, par un drôle de hasard, il devient un enquêteur poétique. Qui se fixe une seule et unique mission: trouver le sens caché de "Voyelles", le sulfureux et magnétique poème codé d'Arthur Rimbaud, écrit en 1871.

Et il finit par le résoudre, ce sonnet insensé - secret le mieux gardé de la littérature française -, et ce, à la barbe de tous les exégètes qui pendant plus d'un siècle s'y sont cassé les dents. Puis, vingt ans passent sans que Cosme n'évoque jamais sa géniale trouvaille.

Révéler le talent d'un autodidacte

Lorsque Guillaume Meurice rencontre cet être hors normes, il décide de dévier un peu de la lumière que lui apporte sa récente notoriété - ses chroniques quotidiennes dans l'émission Par Jupiter! de France Inter sont podcastées chaque jour par plus de 2 millions de personnes - pour révéler le talent de son ami poète.

Ce premier roman, au-delà du simple exercice d'admiration, est une ode à la liberté - voire à la marginalité - et un pied de nez à la célébrité: Meurice remet les choses à leur juste place en s'effaçant à la fois derrière la littérature et derrière l'amitié.

Le verbe qui sauve

Nuit après nuit, Cosme a raconté son enfance de fils d'immigrés espagnol, sa vie, sa trajectoire aléatoire qui l'a amené des rangs de l'armée à la rue. Et Meurice de se rendre compte qu'il partage avec son nouvel ami, la conviction profonde que le verbe sauve, que les mots peuvent tout. Y compris le pire. La différence s'apprend, et parfois à la dure, surtout pour les poètes.

Et si Rimbaud avait fait en sorte que seul un poète puisse percevoir sa vérité?

"Je est un autre", semble lui répondre Rimbaud. Et il semblerait bien que l'humoriste français le plus célèbre de ce début de XXIe siècle l'ait trouvé cet autre dans la figure de Cosme.

Linn Lévy/mcm

>> "Cosme", de Guillaume Meurice, éditions Flammarion.