Ted, c’est l’histoire d’un type qui n’est pas comme tout le monde. Il est autiste, plus précisément atteint du syndrome d’Asperger. Donc, il peut paraître normal, mais il a une autre façon d’appréhender le réel.
Pour Ted Gugus, tout est routine; le pull qu’il met chaque jour, le burger qu’il mange à midi ou la ligne de métro qu’il emprunte. Si la routine n’est pas là, Ted panique. Et la routine, justement elle dégomme rapidement dans cette aventure palpitante dans l'esprit de ce drôle de coco.
Ted et la vieille dame
A cause d’une suppression de métro, Ted va rencontrer une vieille dame qui s’appelle Mariam, comme la serveuse du Wacdoneld, sauf que ce n’est pas la serveuse du Wacdoneld et ça, ça tourneboule Ted. Il va la suivre, avec une sorte de naïveté lucide et déstabilisante. Elle va l’emmener à la répète de la chorale. Il va assister à un accident de la route dont elle est victime. Il va la retrouver à l’hôpital, où elle hurle des chansons paillarde dans son lit. D’incidents en incidents, la vie de Ted va se chambouler de plus en plus jusqu’à qu’il n’en puisse plus.
>>> A écouter, la chronique BD de Couleur 3:
Le livre commence dans le délire. Il nous offre des scènes absurdes, déjantées. Puis petit à petit, quand le délire devient presque normal, on glisse dans le drame. Le drame de la famille de Ted qui doit vivre avec ses difficultés, celui de Ted, lui-même, qui doit vivre tout court.
Inspiré de son frère
Ce n'est pas tout à fait innocent. Emilie Gleason raconte la vie de son frère, qui lui aussi est atteint de ce mal. Oui, le frère de l’autrice est autiste. Pour autant, ce n’est pas une histoire vraie. Mais ça ressemble à une sorte de projection sous hypnose de ses impressions sur l’autisme. Elle a piqué des traits de caractères de son frère, (il aime les trampolines, par exemple, dit-elle en fin d’ouvrage), mais le livre est principalement issu de son imagination.
Style hyper tendance
Le dessin d’Emilie Gleason ajoute une bonne couche au surréalisme, puisqu’il est fait de petits doodles colorés super expressifs. Un style hyper tendance et qui n’est pas sans rappeler Antoine Marchalot ou Bendik Kaltenborn. On aime ou on aime pas, mais, comme le cenovis, le café ou la gingembre confit, on y prend rapidement goût.
Didier Charlet/mcm
Emilie Gleason, "Ted, drôle de coco", éditions Atrabile, 2018