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La romancière Sophie Divry pense que la fin du monde est permanente

Sophie Divry [leseditionsnoirsurblanc.fr - Louise Oligny]
Livres: "Trois fois la fin du monde" de Sophie Divry / Vertigo / 6 min. / le 17 septembre 2018
"Trois fois la fin du monde", sixième roman de Sophie Divry, est une variation inédite sur le mythe de Robinson Crusoé. Il a déjà été retenu sur plusieurs listes de prix littéraires.

Joseph Kamal est en prison après un braquage qui a mal tourné et qui a coûté la vie à son frère. L'enfermement, où il subit toutes les humiliations, les dominations et les cruautés, est un enfer pour lui. Alors quand se produit la catastrophe, dont le lecteur ne sait rien mais qui détruit la majeure partie de l'humanité, Joseph se sent revivre.

L'enfer, ce n'est pas que les autres

Enfin débarrassé de ses congénères et des violences qu'ils génèrent, Joseph, qui est aussi le narrateur, va aller vivre en pleine nature, seul au monde. "A la base, j'avais cette idée philosophique: s'il est infernal de vivre avec les autres, il est aussi  impossible de vivre seul", explique au micro de la RTS Sophie Divry, dont c'est le sixième roman.

Un Robinson moins paradisiaque

Construit en trois tableaux qui sont autant de fins du monde - la prison, la catastrophe, la solitude - le sixième roman de l'auteure française Sophie Divry se retrouve sur plusieurs listes de prix littéraires. Le roman interroge, dans une langue très puissante et soignée, le mythe de Robinson Crusoé, dans une version moins paradisiaque que celle de Daniel Defoe ou de Michel Tournier. "J'ai 39 ans, et comme toute ma génération, j'ai été élevée dans cette conscience que l'homme détruit tout, que nous vivons des fins du monde permanentes."

L'écrivain doit laisser décanter

Militante de gauche, l'auteure de "La Condition pavillonnaire" refuse le statut d'écrivain engagé.

Dire que les ouvriers sont oppressés, cela ne va libérer ni la littérature qui a besoin de beaux textes, ni les ouvriers qui le savent déjà et qui ont besoin de syndicat.

Sophie Divry, auteure de "Trois fois la fin du monde"

En revanche, Sophie Divry estime qu'il est du devoir de l'écrivain de raconter le monde contemporain, non pas pour faire des bouquins sur ce qui se passe aujourd'hui - cela c'est le travail des journalistes - mais pour le décanter, prendre le temps de comprendre comment le monde contemporain agit sur nos consciences, comment il nous travaille. "L'amour par exemple n'est pas le même qu'il y a 50 ans. Qu'est qui est différent? Qu'est-ce qui est pareil? La mission de l'écrivain, c'est s'emparer de ce qui nous désempare".

Propos recueillis par Linn Levy/mcm

"Trois fois la fin du monde", de Sophie Divry, Edition Noir Sur Blanc, 2018

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