Janvier 1940, Bruxelles. Un petit groom en uniforme rouge souffle dans ses mains. Il fait froid, très froid. Pour le moment ses doigts sont gelés, mais en mai, c'est dans le dos qu'il aura froid. Car un bruit des bottes s'approche et, inexorablement, avance vers la Belgique. Ces bottes, ce sont celles des Allemands, partis de la France.
Rouquin courageux, altruiste qui s'oppose aux méchants, le petit groom, c'est Spirou. Il a un écureuil qui s'appelle Spip et un ami prénommé Fantasio. Spirou a 80 ans, mais reste éternellement jeune.
Spirou a connu plusieurs auteurs
Spirou a une histoire particulière. Né en 1938, il est une création de l'éditeur belge Jean Dupuis. Depuis le début, le personnage à des auteurs - le plus connu ayant été Franquin, à qui l'on doit le Marsupilami et Gaston - mais il reste la propriété de Dupuis. A la manière des comics américains, Spirou passe donc de mains en mains. Il y a le journal et les albums.
Mais depuis une dizaine d'années, les éditions Dupuis ont lancé une série qui a pour titre "Le Spirou de". Le concept: donner le petit groom à un auteur et le laisser en faire ce qu'il veut, le temps d'un album sans lien avec la série originale. "Spirou - L'espoir malgré tout" d'Emile Bravo est l'un de ces albums.
Spirou sous l'occupation
Emile Bravo est un auteur issu de la BD indépendante. A ses débuts, il côtoie des auteurs comme Lewis Trondheim, Joann Sfar et Marjane Satrapi. Pourtant, paradoxalement, son style est extrêmement classique. Il fait de la ligne claire, pure et le revendique. Son petit groom a des airs de Tintin, une ressemblance assumée par l'auteur.
Emile Bravo sort son premier "Le Spirou de" en 2008 intitulé "Le journal d'un ingénu". Son idée? Placer Spirou en 1938, juste avant l'occupation. Avec une histoire de soubrette amoureuse, de diplomate nazi et d'un Fantasio farfelu qui enquête sur des embrouilles. C'est un succès.
Dix ans plus tard, Emile Bravo reprend son Spirou, pour le décliner sous l'occupation dans une série prévue en 4 tomes. Le premier, "Spirou - L'espoir malgré tout", raconte l'arrivée des Allemands en Belgique. Dans de très jolies scènes, des sujets graves, comme la mort et la violence, sont traités avec simplicité et humour. La suite devait arriver en 2019.
Didier Charlet/ld