Cette année comme tous les ans à Oberndorf, petit village autrichien proche de Salzbourg, une foule se presse autour de la chapelle pour la traditionnelle veillée, dont le clou est l'interprétation de "Stille Nacht, heilige Nacht". En effet c'est dans l'église qui se dressait ici jadis qu'a résonné pour la première fois le chant qui allait devenir l'hymne universel des Fêtes de fin d'année.
En 1818, Joseph Mohr, le prêtre d'Oberndorf, rédige "Stille Nacht, Heilige Nacht", pour réconforter à Noël la population qui vient de subir l'horreur des guerres napoléoniennes. Il demande à l'instituteur du village, Franz Xaver Gruber, également organiste de la chapelle, de mettre en musique les six strophes du texte. Le 24 décembre, dans la petite église ils font entendre pour la première fois l'apaisante mélodie. Elle sera reprise par des chanteurs itinérants, et c'est ainsi qu'elle va se propager dans toute l'Europe.
"Douce nuit" jusque dans les tranchées
Un siècle plus tard, le 24 décembre 1914, des soldats allemands postés sur le front belge près d'Ypres allument quelques bougies et entonnent le fameux air. Et soudain, dans la boue des tranchées adverses, des soldats anglais le reprennent en chœur avec leurs ennemis, pour un instant de grâce dans la terrible guerre qui commence.
Cette mélodie arrive comme une fleur au milieu de l’hiver une violette dans la neige, tout le monde la chante, elle rassemble.
L'émotion et le message paisible que distille le célèbre chant en font l'un des airs favoris des chorales de Noël. Mais sa construction n'est pas étrangère à cet engouement jamais démenti. Marc Bochud, directeur musical et artistique de la Schola de Sion, explique que "sa mélodie très simple comporte peu de notes et sa tessiture aussi est assez restreinte, ce qui la rend chantable par beaucoup de monde. Sa structure elle-même, très symétrique, régulière permet d'être reconnue immédiatement par tous."
Traduit dans près de 300 langues, le chant est inscrit depuis 2011 au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Quant aux différentes versions, reprises et adaptations, on ne les compte plus. En anglais, Elvis Presley reste un interprète inoubliable de "Silent night". Côté français, Roch Voisine, de Gérard Lenorman à la Compagnie Créole ou plus récemment Zazie et Calogero, ils sont très nombreux à s'être emparés de "Douce nuit".
Propos recueillis par Sylvie Lambelet
Rédaction web: Manon Pulver