Pour IMMERSIF, la question du lieu de tournage est centrale, elle détermine des sonorités, des ancrages, des vues. On discute avec l’une des meilleures violoncellistes de Suisse, elle nous dit qu’elle est Valaisanne, de Salvan, qu’elle y a passé une partie de son enfance. On imagine déjà les pierres, le petit train qui monte raide, le panorama plongeant sur la vallée. Et elle, Estelle, seule dans l’herbe d’été avec son instrument.
Elle dit : d’accord. Elle nous parle dans l’église, sur les petits sentiers où elle courait, de l’instrument qu’elle a réussi à récemment acquérir grâce à des mécènes. Son violoncelle est né en même temps que Louis XIV, il a survécu aux guerres, aux épidémies et même à l’électricité. C’est un enjeu que d’apprivoiser un outil qui se sait bien plus vieux mais aussi bien plus fragile que son maître.
Et puis, dans la conversation, Estelle Revaz évoque Genève, le Victoria Hall où elle vient de tenir l’archet dans un concerto, alors toute l’équipe embarque ses affaires et l’on rentre dans le temple vide du classique, les dorures, les angelots, la mémoire vive d’Ernest Ansermet.
Estelle Revaz est un soliste dont l’exigence lorsqu’elle rencontre Bach dépasse l’entendement. Il y a, derrière chacun de ses coups, une vie de travail et d’intelligence. Sa musique est un antidote à la surconsommation, à la vitesse. Tout porte la trace du temps dans son esprit, même si dans son rire, elle semble encore avoir 17 ans.
Arnaud Robert
Réalisation web: Olivier Horner
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