Modifié

Fontaines D.C. et Viagra Boys, un tandem rock de choc à Antigel

Le groupe suédois Viagra Boys en concert au festival Antigel, à Genève, le 6 février 2019. [Antigel - Thibaut Fuks]
Le groupe suédois Viagra Boys en concert au festival Antigel, à Genève, le 6 février 2019. - [Antigel - Thibaut Fuks]
Les jeunes Irlandais de Fontaines D.C. et les plus vieux roublards suédois de Viagra Boys ont investi mercredi soir la piscine du Lignon, à Genève dans le cadre du festival Antigel. Une soirée à la moiteur rock électrisante.

Une piscine et du rock'n'roll. La formule éprouvée depuis quelques années par Antigel à la piscine du Lignon à Genève continue de porter ses fruits. Après le raz-de-marée Idles l'an dernier ou celui plus ancien de Temples, c'était au tour de Fontaines DC et Viagra Boys d'investir mercredi soir ces lieux à la moiteur idéale pour des déflagrations de décibels punk-rock.

Une formation irlandaise à la langue bien pendue et un groupe suédois plutôt grande gueule, tel était le casting bavard mais roublard d'une soirée qui a tenu ses bruyantes promesses, où les spectateurs assistent aux ébats musicaux en maillots de bain ou habillés.

Electrique énergie

Fontaines D.C., quintet de Dublin à l'accent et au phrasé traînants qui rappelle par moment ceux de Shane MacGowan des Pogues, introduit la soirée par un concert en mode crescendo. Infusé au punk, leur rock alterne morceaux mélodiques et agressifs et s'achève par leur titre phare, le nerveux et très garage rock "Too Real" qui fait le bonheur des radios spécialisées.

Malgré seulement trois mini-albums à leur actif, les Irlandais qui affichent une moyenne d'âge de vingt ans et seront abrités par le même label que celui de Idles figurent déjà parmi les révélations de l'année à venir. Fans sans doute d'Iggy Pop et des Stroke, ayant sans doute écouté The Fall ou le Gun Club, Fontaines D.C. ne révolutionne pas la grammaire rock mais son électrique énergie et sa fibre mélodiques se distinguent aisément. Une sensibilité à fleur de peau dans un esprit brut.

Brailler en slip de bain

Le chanteur du groupe suédois Viagra Boys s'offre un petit bain au festival Antigel, le 6 février 2019. [Antigel - Thibaut Fuks]
Le chanteur du groupe suédois Viagra Boys s'offre un petit bain au festival Antigel, le 6 février 2019. [Antigel - Thibaut Fuks]

Les Suédois de Viagra Boys affichent quant à eux quelques années de plus à leur compteur scénique. Quintet plus rugueux, braillard et punk dans l'âme, où la distorsion est reine et s'inspire sans doute tant de Jesus Lizard que de Motörhead, Viagra Boys semble avoir l'urgence chevillée au corps. En l'occurrence à celui de son chanteur Sebastian Murphy, torse ultra tatoué et poses aussi titubantes que je m'en foutistes.

Leur répertoire post-punk ne s'embarrasse pas de fioritures, sous tension d'une ligne de basse aussi crasse qu'increvable malgré quelques incursions de saxophone, et enfile les morceaux rageurs et ravageurs. Entre deux têtes piquées dans le bassin du Lignon, le chanteur termine son concert en slip de bain seyant, lunettes noires et cannette de bière à la main. Le rock n'est donc pas mort, au moins dans ses nonchalantes et bordéliques attitudes. Et Viagra Boys, à sa manière brute et défroquée, de le faire bander fièrement encore.

Olivier Horner

Publié Modifié