Anna Calvi, électrique et incandescente performeuse à Antigel
Depuis qu'elle a découvert à l'âge de 8 ans la prestation incandescente de Jimi Hendrix dans le documentaire consacré au festival Woodstock, Anna Calvi a la guitare dans la peau.
Une seconde peau même pour la chanteuse anglaise qui pourtant a attendu 2018 et 2019 pour s'essayer à l'exercice en solitaire guitare électrique-voix. Dans le sillage de son album paru l'été dernier, "Hunter", qui s'est doublé d'un manifeste féministe et LGBT, c'est comme si elle revenait à son viscéral besoin de gratter les cordes d'une Fender pour sentir battre son coeur. Et d'affirmer: "C’est un album queer (...) qui explore une sexualité plus subversive, qui va plus loin que ce que l’on attend d’une femme dans notre société hétéronormative patriarcale".
Murmures amoureux et fièvres sexuelles
Sur la scène de l'Alhambra à Genève mercredi soir, dans le cadre du festival Antigel, la Londonienne se livre à une heure d'un concert qui débute dans le calme pour s'achever dans une intensité volcanique. Des murmures amoureux inauguraux aux fièvres sexuelles finales, Anna Calvi déroule l'étendue de ses qualités vocales et de musicienne.
On songe évidemment au charisme rock d'une PJ Harvey qui a pratiqué avant elle ce genre d'ébats ardents et ensorcellants avec le public. Dans une version plus glamour, chemisier rouge sur pantalon noir et boots blanches, Anna Calvi alterne profondeurs et hauteurs, questions sentimentales et propos militants.
Puissance de feu
Sa performance, jamais théâtrale mais toujours frontale, a besoin d'une demi-heure pour complètement décoller et convaincre. A partir de "As a man" dont les premières notes rappellent le "History Repeating" de Propellerheads, Anna Calvi libère toute sa puissance de feu. La guitare gronde au diapason de ses cris de coeur et mélancolies bénies.
Au final, on retient comme pour "Hunter" une espèce de beauté sauvage, une fougue peu souvent canalisée au cours d'une prestation en forme de mise à nu des plus généreuses.
Olivier Horner