Le pianiste Radu Lupu faisait partie de ces musiciens dont chaque concert ou récital était une fête, mais une fête quelque peu mystérieuse. Car le pianiste roumain vivait plus que jamais dans son monde, comme un sage qui n'avait plus rien à prouver, mais qui avait tant de choses à dire et à raconter.
"Sous ses doigts, le piano ne joue pas, il vit… sans la moindre volonté d'interpréter", pouvait-on lire sous la plume d'un critique.
Radu Lupu était sans conteste l'un des plus grands pianistes de sa génération. Un véritable poète, intense et exigeant.
Radu Lupu tutoie les sphères avec son piano, matérialise le vague d'airs chers à Lamartine. Il a une barbe de gourou, le regard absent de l’ermite, l’attention du calligraphe. (...) Une sonorité lumineuse, quasi surnaturelle, une imagination sonore infinie, une main qui énonce et l’autre qui commente, une intelligence suprasensible, créatrice d’atmosphère.
Autant de termes dithyrambiques qui revenaient comme des leitmotivs sous la plume des critiques musicaux pour définir le jeu unique de Radu Lupu.
Un interprète inspiré qui, dans l'unique interview accordée à un journaliste, confiait ceci: "Tout le monde raconte la même histoire différemment, mais cette histoire devrait être racontée de manière irrésistible et spontanée. Si ce n'est pas le cas, elle est sans valeur".
Perfectionniste, il savait prendre ses distances par rapport au piano. Quelques heures de pratique quotidienne seulement. La réflexion et l'écoute, constituaient l'essentiel de son approche.