Son sourire est irrésistible, il désarmerait les plus cyniques. "Dans ma famille, on sourit tous, on sait la chance qu'on a", dit Melanie Oesch, troisième d'une dynastie de musiciens. Avec son père Hansueli, sa mère Annemarie et ses deux frères, Kevin et Mike, elle forme le groupe Oesch's die Dritten.
A la tête de plusieurs disques d'or et de platine, la formation est suivie par des millions de followers et honore plus de 200 concerts par an à travers le monde - avec nécessité de réserver plusieurs mois à l'avance. Le concert donné à Genève, le 29 mars, est par exemple déjà complet.
Tout se fait en famille
Leurs chansons sont désormais reprises en russe ou en norvégien. "C'est mon grand-père, accordéoniste, qui a formé le groupe en 1971. Il a d'abord joué dans des orchestres avant de composer lui-même, surtout des foxtrot."
Car tout se fait en famille chez les Oesch, qui habitent une maison à trois étages: Melanie tout en haut, la grand-mère au milieu et les parents au rez-de-chaussée. "Ma grand-mère est ma fan la plus critique" s'amuse la jeune Bernoise de 31 ans dans un français appris à l'école, et qu'elle maîtrise avec nuances.
J'aime beaucoup le français et le public romand, plus jeune et ouvert. En Suisse allemande, le public souhaite un yodel plus traditionnel.
Figure de proue de Oesch's die Dritten, Melanie a réussi à moderniser le yodel, à le faire vibrer avec d'autres musiques et à faire de ce chant qui mélange voix de tête et voix de poitrine une carte de visite dans le monde entier.
La technique dite de Tarzan
Tout a commencé à l'âge de quatre ans quand Melanie découvre le yodel à la radio. "Je me suis dit aussitôt: "C'est ça que je veux faire!"" Comme tous les membres de sa famille, elle est en grande partie autodidacte. "J'ai commencé toute seule et me suis créé ma propre technique". Avec humour, elle explique que la base de son chant tient en quatre lettres, "OUUE", qui ressemble à s'y méprendre au cri de Tarzan.
Au micro de Darius Rochebin, la musicienne explique qu'il existe un yodel pour chaque émotion, de la gaieté la plus entraînante à la mélancolie la plus solitaire. Mais pour elle, chanter la met en joie même quand elle va mal, comme si la production de ses sons était un remède à ses tracas. Curieuse, ouverte à d'autres musiques, comme le blues ou la country, elle ne sait pas si elle fera encore du yodel dans vingt ans. "Pour moi, c'est une passion pas une carrière, on verra bien!".
Propos recueillis par Darius Rochebin
Adaptation web: Marie-Claude Martin