"J'aurais jamais cru que ça prendrait de telles proportions. A l'époque, on nous décourageait de faire du hip-hop, personne ne respectait ça", explique Grandmaster Caz. Ce pionnier est l'un des co-auteurs de "Rapper's Delight", même s'il n'a jamais été officiellement crédité pour ses paroles.
Sorti en 1979, ce tube est resté dans l'histoire de la culture comme le premier tube de rap, permettant au monde entier de découvrir un genre nouveau. Surtout, il a permis de graver dans le vinyle cette musique née dans les "block parties" du quartier new-yorkais du Bronx.
Musée éphémère du hip-hop
Le morceau s'est vendu à des millions d'exemplaires à travers le monde et a même eu l'honneur d'être introduit en 2011 à la très prestigieuse Bibliothèque du Congrès à Washington.
C'est à quelques minutes de là que s'est ouvert début 2019 un musée éphémère du hip-hop, où sont exposés plusieurs centaines de micros dédicacés, disques de platines, produits dérivés, posters... La parfaite représentation de 40 ans d'histoire, dont les trois acolytes Hen Dogg (décédé depuis), Wonder Mike et Master Gee sont à l'origine.
Rap d'abord festif
A l'époque, le hip-hop est une culture balbutiante dont le rap est l'expression musicale et qui tourne autour de quatre éléments: la danse, le graffiti, le "MCing" (la manière de rapper) et le "DJing" (la maîtrise des platines).
Pour enregistrer "Rapper's Delight", Sugarhill Gang se permet de reprendre la célèbre ligne de basse de "Good Times", le tube du groupe de disco Chic, également utilisée en 1980 par Queen dans "Another One Bites the Dust".
A ses débuts, le rap est festif et aborde des thèmes légers, comme la fête, la drague et l'amour de cette musique, medium utilisé par une minorité noire et discriminée pour s'exprimer.
Rap conscient
Au musée de Washington, Grandmaster Caz et le Sugarhill Gang se sont produits pour un concert "old school" avec un autre précurseur du genre: Melle Mel. Ce dernier faisait partie du groupe Grandmaster Flash and the Furious Five, qui en 1982 a sorti une autre pierre angulaire du rap: "The Message".
Ce morceau est le premier à avoir décrit avec réalisme la vie et la pauvreté dans les ghettos. Un style "conscient" qui a profondément marqué cette musique, souvent vue, notamment en France, comme le moyen d'expression des sans voix.
afp/olhor