Des combattantes prêtes à tout pour leur art. Il va ainsi de Sister Rosetta Tharpe qui, en 1948 déjà, empoigne une guitare électrique perchée sur ses escarpins pour mêler gospel, blues et électricité. Une pionnière. Elle chantait "Didn'it Rain" alors qu'Elvis finissait encore de grandir.
Dans "Girls Rock", dont Shirley Manson de Garbage signe la préface, la journaliste française Sophie Rosemont démontre ainsi que ce rock'n'roll qui appelle habituellement des noms masculins comme Elvis Presley, les Rolling Stones ou Nirvana est aussi une histoire de femmes. Il n'y a qu'à voir Aretha Franklin métamorphoser "Respect" d'Otis Redding en un hymne féministe pour s'en convaincre.
Femmes modèles
Les femmes aussi sont des modèles et pas que des muses de rockeurs, rappelle Sophie Rosemont qui commence son ouvrage par cette citation de Kathleen Hanna, leadeuse des mythiques Bikini Kill: "Quand on est une fille, on nous apprend que la seule manière d’avoir le pouvoir d’une rockstar, c’est d’être une groupie, de montrer nos seins et d’être choisie pour la nuit. On nous apprend que la seule manière de réussir passe par les hommes. C’est un mensonge".
Et "Girls Rock" de poursuivre sur des figures plus contemporaines mais non moins emblématiques du rock par le biais d'un chapitrage thématique qui recense notamment les "cavalières solitaires" (Joni Mitchell, PJ Harvey), les meneuses d'hommes (Chrissie Hynde, Siouxsie Sioux), d’émancipatrices (Tina Turner, Björk, Catherine Ringer…), de militantes (Joan Baez, Patti Smith…) ou de chanteuses aux fins tragiques (Janis Joplin, Amy Winehouse).
Certaines figures de la scène française y racontent aussi leurs héroïnes. Comme Barbara Carlotti qui évoque Marianne Faithfull ou Fishbach qui encense Lydia Lunch. Au total, quelque 150 musiciennes sont mises en avant au fil de ces pages qui remettent habilement les points sur les i du rock.
Olivier Horner
"Girls Rock”, de Sophie Rosemont (Editions du Nil).