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Le nouveau directeur du Grand Théâtre dévoile sa prochaine saison

Aviel Cahn. [Grand Théâtre de Genève - Nicolas Schopfer]
Nouvelle saison du Grand Théâtre de Genève, interview d'Aviel Cahn / Forum / 8 min. / le 2 mai 2019
"Oser l'espoir". Le titre de la nouvelle saison du Grand Théâtre de Genève, présentée jeudi, annonce la couleur: la plus grande institution culturelle de Suisse romande regarde désormais vers l'avenir avec audace.
Visuel de la saison 2019-2020 du Grand Théâtre de Genève. [Grand Théâtre de Genève - Matthieu Gafsou]
Visuel de la saison 2019-2020 du Grand Théâtre de Genève. [Grand Théâtre de Genève - Matthieu Gafsou]

Le style du programme, le look du nouveau directeur, la programmation: tout tranche avec les éditions passées. Dans la communication comme sur scène, l'ambiance du Grand Théâtre de Genève devient résolument contemporaine.

Actuel directeur de l'Opéra des Flandres, doté d'une forte personnalité, le Zurichois Aviel Cahn succédera cet été à Tobias Richter, depuis 10 ans à la tête de l'opéra genevois. Pour Aviel Cahn, l'opéra doit déranger, surprendre et être en accord avec son temps. On attendait de lui une nouvelle saison flamboyante et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle va bousculer les habitudes. Dès la couverture du programme, le ton est donné. Fini le papier glacé et le strass, place à un ciel gris dans la banlieue genevoise.

Ne pas se cantonner aux traditions

"On se construit sur une tradition, mais on ne peut pas du tout s'y arrêter. Il faut évoluer, développer et faire valoir que l'opéra peut être une forme d'art dans le monde d'aujourd'hui", explique Aviel Cahn au micro de la RTS.

Ce n'est pas la poussière du passé et le poids de quatre centenaires d'opéras sur les épaules qui nous font crouler tous.

Aviel Cahn, nouveau directeur du Grand Théâtre de Genève

"Il faut ouvrir les portes: mon public c'est tout Genève, toute la Suisse romande, la France voisine, ce n'est pas que le public existant du Grand Théâtre", poursuit-il.

Multiplier les collaborations

S'inspirant de l'histoire genevoise, il programme par exemple "Les Huguenots" de Giacomo Meyerbeer, un opéra donné pour la dernière fois au Grand Théâtre en 1927. Avec la production "Voyage vers l'espoir" de Christian Jost, d'après le film suisse oscarisé "Reise der Hoffnung" de Xavier Koller, le Grand Théâtre s'ouvrira à d'autres formes d'art en multipliant les partenariats avec des institutions locales telles que la Cinématèque suisse.

Construire des ponts, ouvrir des portes, sortir l'opéra de son carcan: l'an prochain, Aviel Cahn confiera la mise en scène d'opéras à un plasticien et à un cinéaste. "L'opéra est la forme d'art où toutes les autres formes d'art se rencontrent. On peut inviter des artistes de toutes les autres disciplines", se réjouit-il.

Des atouts pour réussir

A la place de Neuve, les amateurs de scène lyrique vont devoir prendre des risques. Au Grand Théâtre comme sur d'autres scènes romandes, on fait désormais le pari d'ancrer l'opéra dans son temps et sa région, au risque de déplaire au public d'habitués.

Mais le nouveau directeur a des atouts pour réussir son pari. Ce brillant polyglotte a pour lui l'expérience et la vision d'un bon manager. Il a montré qu'il savait faire le show avec une maison moins riche, l'Opéra des Flandres, dont il a rajeuni l'auditoire. A Genève, on vendra chaque soir 100 places à 17 francs. En ouvrant toutes grandes les fenêtres et les portes de la vénérable institution, le Zurichois apporte un air frais qui fait du bien, même s'il est certain qu'il va nous décoiffer.

Sylvie Lambelet

Propos recueillis par Esther Coquoz

Adaptation web: Melissa Härtel

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La saison 2019-2020 du Grand Théâtre de Genève

Un opéra contemporain lancera la saison: "Einstein on the Beach", de Philip Glass et Robert Wilson. Le Tessinois Daniele Finzi Pasca, concepteur artistique de la Fête des Vignerons 2019, signera la mise en scène, tandis que le jeune chef zurichois Titus Engel dirigera les élèves de la Haute école de musique de Genève.

Compte tenu de sa dimension raciste et sexiste, "L'enlèvement au sérail", de Wolfgang Amadeus Mozart, sera donné dans une version coécrite par le metteur en scène belge Luk Perceval et l'écrivaine turque Asli Erdogan, sous la direction de Fabio Biondi.

Le GTG programme, en création mondiale, "Voyage vers l'espoir", de Christian Jost, d'après le film de Xavier Koller. Cet opéra sera donné en français avec l'OSR, avant d'être monté en allemand à Karlsruhe. La saison se terminera avec "Saint François d'Assise", d'Olivier Messiaen, dans une mise en scène du plasticien Adel Abdessemed. L'OSR sera dirigé par son chef artistique Jonathan Nott.

Du côté des classiques, la prochaine saison proposera, pour la première fois depuis vingt ans, "Aida", de Giuseppe Verdi, dans une production créée à Londres en 2018. Puis le Hongrois Ivan Fischer dirigera et mettra en scène "Orfeo", de Claudio Monteverdi, dans une version qu'il aura lui-même complétée pour le Budapest Festival Orchestra.

Laurent Pelly reviendra à Genève pour mettre en scène "La Cenerentola", de Gioacchino Rossini. Après près d'un siècle d'absence, "Les Huguenots", de Giacomo Meyerbeer, figure à nouveau au programme. Et pour la première fois, l'opéra-ballet "Les Indes galantes", de Jean-Philippe Rameau, sera à l'affiche du GTG, mettant à contribution toutes les forces vives de la maison lyrique.

Le corps de ballet se produira aussi dans "Minimal Maximal", un spectacle composé de trois chorégraphies, et dans "Ce qu'il nous reste", une création du jeune Français Jérémy Tran. En partenariat avec l'Association pour la danse contemporaine, le GTG invite Anne Teresa De Keersmaeker à présenter sa dernière création, "The Six Brandenburg Concertos". Sept récitals complètent la saison.

ats/mh