"Le charisme est un don du ciel, mais savoir obtenir ce qu’on veut de l’existence est une notion qui s’acquiert ici-bas." Extraits d’une de ses chansons, ces vers pourraient parfaitement décrire la chanteuse Rokia Traoré.
Pendant trois week-ends du mois d’avril, l’espace culturel qu’elle a créé dans le quartier de Missabougou à Bamako servait d’écrin au festival Fôly Dogôkun, une dizaine de concerts mettant en scène des artistes locaux et étrangers. Dans l’état de quarantaine dans lequel la communauté internationale maintient le Mali depuis plusieurs années, l’entreprise relevait des travaux d’Hercule.
Exemple pour une génération de femmes
Mais Rokia Traoré est une femme moderne, indépendante et volontaire, capable d’analyser et gérer les situations les plus complexes sans jamais se sentir inférieure aux hommes et sans pour autant que cela pose le moindre problème d’équilibre: un exemple pour toute une génération de femmes, mais aussi pour tous les artistes et acteurs socioculturels maliens.
Pendant les deux premières décennies de son indépendance, le Mali a pourtant accordé une place prépondérante à la culture, érigée en outil d’émancipation et de cohésion sociale. Cette politique n’a pas seulement contribué au rayonnement international du pays, elle a bénéficié à long terme à de nombreux artistes.
Miser sur la culture et sur la nouvelle génération
Mais les années ont passé et loin de s’enrichir, le Mali a vu sa dette extérieure s’accroître, ses crises politiques se répéter et ses institutions se fragiliser. L’école n’est plus assurée sur tout le territoire, la société se polarise et les valeurs traditionnelles tendent à se perdre, en même temps que se posent de nouveaux problèmes d’identité.
Pour faire face à ces défis, Rokia Traoré mise sur la culture et sur l’implication des nouvelles générations. Un investissement indispensable pour rebâtir un nouveau Mali à la mesure de son histoire.
Vincent Zanetti/aq