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L'intelligence artificielle remplacera-t-elle les artistes?

Une image du ciné-concert "Metropolis", film de Fritz Lang mis en sons par Xavier Garcia à Archipel. [Festival Archipel - D.R.]
La chaîne Youtube Databots propose la diffusion 24h sur 24h de death metal généré par des intelligences artificielles. / Bang! Une détonation dans un monde de cons / 8 min. / le 29 mai 2019
L'intelligence artificielle permet aujourd'hui aux machines d'apprendre à composer des partitions originales sur la base de musiques existantes, grâce aux algorithmes. Exemple avec Dadabots, la chaîne du death metal généré par des robots.

Dadabots est une chaîne YouTube développée par CJ Carr et Zack Zukowski, deux techniciens passionnés de musique qui veulent prouver qu'un réseau de neurones est capable de capturer les différences stylistiques subtiles entre le Death Metal, le Math Rock et d'autres genres, moins connus.

Ils ont lancés un live stream (diffusion en direct) le 24 mars, entièrement créé par une intelligence artificielle qui génère à l’infini du Death Metal et du Black metal.

Pour que cela fonctionne, le réseau neuronal a été gavé de petits segments de musique Death Metal avec des riffs, des transitions et autres incantations maléfiques. Ensuite, l'intelligence artificielle se sert dans sa base de données pour produire sa vision toute personnelle du courant musical.

La qualité du son, malgré une diffusion en haute-définition, laisse à désirer, mais, comme disent ses créateurs, il s'agit plutôt d'artefacts que de morceaux complets.

D’après CJ Carr, les cadences rapides du death metal sont plus faciles à reproduire pour l’intelligence artificielle. C'est la raison pour laquelle ils ont choisi ce genre musical plutôt qu’un autre.

Rencontres homme-machine

Il existe d’autres rencontres plus mélodieuses entre l’homme et la machine intelligente.

En 2016, un algorithme développé par le Sony Computer Science Laboratory appelé Flow Machines a composé une musique s’inspirant directement des productions des Beatles qui ont toutes été "scannées" par la machine. Ensuite, on a fait appel au compositeur français Benoît Carré qui s’est occupé des paroles et de rajouter quelques accompagnements à l'aide d'un logiciel.

Du "presque" Beatles en version 2.0, "Daddy’s car", a été écouté par plus de 2 millions de personnes depuis sa publication en ligne sur YouTube.

Inspiration ou plagiat?

Ces expériences soulèvent pas mal de questions concernant les droits d’auteurs, la possibilité de voir un jour un databot participer au concours de l'Eurovision, ou encore des questions d'éthique concernant la possibilité de faire "vivre" la musique d'un artiste après sa mort, en sortant de nouveaux albums posthumes réalisés par des intelligences artificielles qui ont analysé sa discographie.

Depuis 2010, cette industrie a beaucoup progressé avec la participation de grands groupes comme Google ou Sony. Il existe aujourd'hui des albums composés par des algorithmes sur Deezer et Spotify comme par exemple "Sleep: Foggy Morning", un 23 titres sorti cette année et réalisé par Endel, une start-up basée à Berlin.

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Rock me Amadeus

Un autre projet, Amadeus Code, propose une application payante, disponible sur IOS, qui peut être testée gratuitement pendant 14 jours. Le but est de permettre la création rapide de mélodies, ou des chansons entières, sans se sentir bloqué dans sa propre créativité.

Nous avons analysé des décennies de chansons contemporaines et de musique classique et nous avons créé une technologie brevetée d’écriture de chansons spécialisée dans la création de mélodies de qualité supérieure.

June Inoue, co-créateur d'Amadeus code

Les voix sont ajoutées lors d'un enregistrement ultérieur, en studio, pour rendre le morceau plus vivant.

Peut-être que d’ici 5 ans, il y aura des radios avec de l’animation gérée par une intelligence superficielle et une voix de synthèse qui lancera des disques composés par des algorithmes.

Reste à savoir où l’on place le curseur humanité et créativité dans ce genre de projet.

Mickaël Marquet/mcc

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