En 1974, Bob Dylan met un terme à huit ans d'absence scénique avec une tournée très lucrative des grands stades, accompagné du groupe The Band. Mais l'essentiel lui manque: renouer le contact avec les gens.
Le musicien a alors l'idée de rassembler une troupe d'artistes pour une tournée itinérante en Amérique du Nord. A bord de la caravane qu'il conduit lui-même, il opère un retour aux sources. Celles qui ont vu naître son génie dans des salles intimistes, là où s'était tissé avec le public un rapport chaleureux.
Autour de lui, un casting impressionnant: la reine du folk Joan Baez, le poète Beat Allen Ginsberg, Roger McGuinn exilé des Byrds, Mick Ronson, ancien guitariste de David Bowie, l'acteur et dramaturge Sam Shepard, chargé d'écrire un scénario d'un film qui sera tourné pendant l'aventure.
Rare interview
Quarante plus tard, Martin Scorsese a donc choisi de prendre ce matériau pour en faire son propre documentaire. Outre les images d'archives tournées dans les coulisses, le cinéaste a donné la parole à ceux qui composaient la troupe de Dylan. Et il l'a même convaincu de parler face caméra.
Un exploit qui débouche sur des moments aussi captivants qu'hilarants où derrière l'érudition et la finesse d'esprit, on découvre une personnalité drôle, fantasque. Dès les premières minutes d'ailleurs, l'icône prévient: "Tu veux que je te parle de cette aventure? Mais, je ne me rappelle de rien moi!".
Précieux souvenirs
Evidemment, les souvenirs finissent par remonter au cerveau du Prix Nobel de Littérature. Et avec eux, quelques anecdotes croustillantes, comme celle racontée par Sharon Stone émue aux larmes. Après un concert auquel elle assiste, Dylan lui propose d'intégrer sa troupe. Un soir, il lui joue "Just Like A Woman" et lui fait croire qu'il l'a écrite pour elle. Elle apprendra plus tard que la chanson était vieille de dix ans.
A notre tour d'apprendre après coup, grâce notamment à la vigilance du magazine américain Rolling Stone qui a vérifié et dénombré cinq fausses histoires, que le témoignage de l'actrice, dirigée par Scorsese dans "Casino", est inventé.
En 2h20, les fans et les joueurs, pourront tenter de déceler tout ce qui est vrai et ne l'est pas. Restent les séquences live, filmées au plus près du regard intense, à la limite de la transcendance, d'un Dylan au sommet de son art.
>>Voir la Bande-annonce de "Rolling Thunder Revue":
afp/pym