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Elton John au stade de ses adieux à la pop sous la chaleur de Montreux

Montreux Jazz, le concert d'Elton John a attiré 15'000 festivaliers, hier soir.
Montreux Jazz, le concert d'Elton John a attiré 15'000 festivaliers, hier soir. / 19h30 / 2 min. / le 30 juin 2019
Samedi soir, le Montreux Jazz Festival a accueilli la tournée d'adieux du chanteur britannique Elton John au stade de la Saussaz. Sous une chaleur de plomb, "Rocketman" a passé en revue durant deux heures et demie une carrière riche en mélodies pop.

C’est un petit bonhomme. Qui s’avance dans son costume noir avec longue queue de pie, plein de paillettes, ses mythiques lunettes rectangulaires serties de diamants. Il est 20 heures à Montreux et Elton John, 72 ans, fait ses adieux. Un samedi soir dans un stade, celui de la Saussaz que le festival a reconfiguré pour les besoins de la star britannique, devant près de 15'000 personnes accablées par la canicule.

Vue aérienne du stade de la Saussaz à Montreux, pendant le concert d'Elton John. [Keystone - Valentin Flauraud]
Vue aérienne du stade de la Saussaz à Montreux, pendant le concert d'Elton John. [Keystone - Valentin Flauraud]

Comme tous les soirs ou presque, son "Farewell Yellow Brick Road World Tour" débute par l’incunable "Bennie and the Jets". Première grande clameur pour le chanteur déjà assis à son piano que les deux écrans géants ont annoncé durant des heures comme star à l’affiche de son biopic "Rocketman" en salles en ce moment. Arrivé en avion et hélicoptère de sa résidence secondaire à Nice, Elton John rayonne rapidement en son royaume pop auquel il adresse son au revoir à jamais musical.

Parmi les six musiciens qui le secondent, son historique batteur Nigel Olsson donne le ton, tandis que Ray Cooper, percussionniste frappadingue en chemise blanche et bretelles noires assure le spectacle au milieu de la scène pour "All the Girls Love Alice", une histoire de filles qui aiment les filles et en souffrent extraite de l’incontournable "Goodbye Yellow Brick Road" daté de 1973 qui rebaptise aujourd’hui cette tournée où ses fans pleurent telles d’inconsolabes madeleines. Et ce n’est pas la mélodie du mélancolique "Rocketman" dont le final interminable s’achève par un feu d’artifices visuel qui va contenir leurs larmes. Premier climax alors que le soleil se couche d’un concert qui s’étend sur plus de deux heures et demie.

"Ravages du sida"

Hélas, quelques pénibles démonstrations musicales ponctuent ce show qui a tendance à tourner autour des mêmes accords. A l’image d’un "Levon" heureusement précédé par ce "Someone Saved" qui relate sa vie d’excès et de marginal. Avant que n’arrive, sur des images de Marylin, l’attendu "Candle in the Wind". Une icône qu’Elton John tient intensément dans ses mains ou plutôt sur les doigts de son piano. 15'000 personnes en extase, qui chantent sur le bout de leur langue un refrain aux résonances mortifères.

Elton John à Montreux. [Keystone - Valentin Flauraud]
Elton John à Montreux. [Keystone - Valentin Flauraud]

Puis, à la faveur d’un changement de costume blanc où dominent les hexagones rouges et où ses lunettes se sont faites plus sobres, Elton s’offre un final flamboyant via "Believe" ou "Saturday Night" avec un discours touchant en préambule: "Il y a un film sur ma vie que j’aime beaucoup en ce moment. Mais quand il se termine à la fin des années 80, il ne dit pas vraiment l’état lamentable dans lequel j’étais alors, pris entre l’alcool et la drogue. Je ne savais plus qui j’étais, ce que je faisais, je n’étais plus bon à rien. Et puis j’ai vu les ravages du sida, alors je me suis soigné et j’ai créé ma fondation. Et si aujourd’hui on ne meurt plus du sida, il y a encore des lois qui empêchent la distribution des médicaments ou leur développement. C’est ce contre quoi il faut se battre".

Paroles militantes qui résonneront encore longtemps, même lors de sa dédicace à Quincy Jones pour "Don’t Let the Sun Go Down On Me" ou l’épilogue en forme de communion qui prend les traits de "Goodbye Yellow Brick Road".

Olivier Horner

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