Règne-t-elle toujours en son royaume cette Christine and the Queens, qui a tenté de se débarrasser de sa particule royale? Quatre ans après une impériale prestation aux Arches, la chanteuse française investissait mardi soir la Grande scène de Paléo pour une performance tout feu tout flamme, où pop, chant et danse devaient vivre en harmonie dans le meilleur des mondes.
Hélas, rapidement, cette utopie où Michael Jackson serait roi, se désagrège sous les rythmiques syncopées qui autrefois se montraient sensuelles. Alors qu’elle relustrait brillamment la chanson en mode R’n’B et hip-hop dansant au fil de "Chaleur humaine" voilà cinq ans, son funk 2.0. qui fusionne désormais Michael et Janet Jackson, Madonna et Dr Dre, minimalisme et superproduction, peine à toucher.
Comme si pour ce second règne, où elle s’est métamorphosée en Chris, elle ne parvenait pas totalement à libérer la puissance d’une voix qui chante le genre en brouillant les pistes.
Ici, les feux d’artifice qui embellissent certaines chansons du spectacle prennent le pas sur l’essence androgyne de Chris.
>> A écouter: l'interview de Chris[tine & the Queens] dans Paradiso
Quand les corps exultent
Les premières chorégraphies rappellent tellement celles de Michael qu’on en oublie que Chris vient de chanter "Comme si on s’aimait", "Damn, dis-moi", "Le G", "Science fiction", "Christine" et "5 dols". Soit un enchaînement en théorie parfait qui en pratique tourne musicalement en rond alors que les corps exultent.
C’est paradoxalement dans l’économie de rythmiques et d'exsudations, quand Chris vocalise à l’avant-scène sur fond d’un seul piano pour "Machin-chose", qu’elle parvient à nouveau à toucher. Et quand elle reprend alors "Heroes" de Bowie, on a envie de la croire et de la couvrir de gloire. "Saint Claude", incursion dans sa vie d’avant en fin de concert, après un "Doesn’t matter" qui la voit chanter perchée en fond de scène, laisse entrevoir une Chris d’avant la débauche d’effets synthétiques.
Soit une reine qui bénissait ses sujets dévoués qui aujourd’hui semblent plutôt la désavouer.
Olivier Horner