en tête qui valent la peine d’être écrites. Suis-je arrivé à la fin de mes ressources?" Pas encore! Et une partition cet été-là le prouvera, celle du Trio en ré mineur op. 120.
A Annecy-le-Vieux, en 1922, le vieux Fauré travaille sur un trio: clarinette, qui sera vite remplacée par le violon, violoncelle, piano. Et dès les premières notes, ce qui frappe, c’est la fluidité. L’introduction au piano est la traduction musicale du concept même du clapotis. Petit courant, petit mouvement.
Fluidité, car Fauré floute tout ce qui pourrait ressembler à un point de chute, une conclusion, une arrivée. Et relance sans cesse le discours ininterrompu. Du coup le mouvement du premier mouvement semble ne jamais s’arrêter. C'est une mélodie infinie.
Fatigue perpétuelle
Dans sa jeunesse, Fauré disait qu’il lui manquait un défaut qui était pourtant une qualité: l’ambition. C’est l’inverse maintenant. "Le problème, écrit-il, c’est que je ne peux jamais travailler longtemps. Mon plus gros souci, c’est la fatigue perpétuelle."
Il lui reste 2 ans à vivre, et son trio à clavier est son avant-dernière partition. Certains jours pourtant, on voit Fauré par écrit, s’écrier: "Au diable la vieillesse!". A Annecy-le-Vieux, le vieux maître, cabré et quasi sourd, s’élance alors de façon un peu rustre. Et ces jours-là, l’inspiration de Fauré, revigorée, creuse alors son chemin.
RTS Culture