Le rock et la folie: une tradition à double tranchant
C'est une réalité bien connue chez les artistes: derrière la gloire, l'argent et le talent se cache souvent une vie mouvementée. Dans le milieu du rock, c'est encore pire: drogues, alcool, violence et maladies mentales font partie du quotidien de ces stars adulées par leur public. Difficile parfois de faire la distinction entre pure violence et troubles psychiques.
Sid Vicious et Nancy Spungen, un drame orchestré par la drogue
Le tragique évènement se déroule au Chelsea Hotel de New York. En 1978, le bassiste des Sex Pistols Sid Vicious poignarde Nancy, sa petite amie, alors qu'elle prend son bain. Il se lance ensuite dans une mission: trouver de la méthadone, une substance analgésique destinée à traiter les addictions, notamment à l'héroïne. Il est arrêté, mis en prison puis transféré à l'hôpital psychiatrique de Bellevue où il tente de se suicider en se taillant les poignets.
De son côté, Nancy Spungen a été diagnostiquée schizophrène à l'âge de 15 ans. A 17 ans, l'adolescente quitte sa ville natale de Philadelphie pour s'installer à Londres. C'est là qu'elle rencontre Sid Vicious, avec lequel elle vit une histoire d'amour courte et intense.
D'autres versions de l'histoire du meurtre de Nancy Spungen existent, parmi lesquelles un règlement de comptes de dealers. Des années plus tard, le mystère reste entier.
Jim Morrison, hanté par la mort et l’héroïne
Durant son enfance, le chanteur des Doors raconte avoir été témoin d'un accident de voiture mortel. Depuis, il se dit habité par l'esprit de quelqu'un d'autre. Cette présence étrangère ne le quittera jamais. Dès son adolescence, il est empêtré dans l'alcool et la drogue.
Le 3 juillet 1971 à Paris, le chanteur est retrouvé mort dans sa salle de bains. Il n'y a jamais eu d'autopsie, mais des amis proches sont persuadés qu'il est mort d’une overdose d'héroïne dans une boîte de nuit. On l'aurait ensuite mis dans une baignoire pour faire plus discret ("plausible"?).
Jim Gordon, schizophrène surmené
James Beck Gordon, alias Jim Gordon, est le batteur de studio le plus demandé des années 60 et 70. Il jouera pour les Byrds, George Harrison, Alice Cooper, Frank Zappa, Tom Waits, Eric Clapton et John Lee Hooker. Sa carrière s'envole dès l'âge de 17 ans avec The Everly Brothers pour ne plus jamais atterrir.
Arrivé au sommet, il est tellement sollicité qu’il doit assurer des sessions studio à Los Angeles la journée, et se rendre à Las Vegas chaque soir pour des concerts.
En 1973, quelque chose s'écroule en Jim Gordon. Il commence à entendre la voix de sa mère dans sa tête, une voix envahissante qui lui ordonne de ne plus manger. Au fil des années, il devient de plus en plus violent. Un jour de 1983, pour mettre fin à cette voix dans sa tête, il poignarde sa mère. C'est seulement durant son procès qu'il sera déclaré schizophrène et condamné à 16 ans de prison. "J'ai juste pété un plomb", expliquera-t-il plus tard au détective.
Charles Manson, meurtrier hippie
Un an avant de devenir l’un des criminels les plus connus du monde, Charles Manson tente de se faire un nom dans la musique. Il obtient l'aide du batteur des Beach Boys, Dennis Wilson. Un jour, alors qu’il enregistre une chanson, Wilson lui demande de modifier les paroles. Manson refuse et entre dans une colère noire. Il menace de tuer le Beach Boy.
Fasciné à la fois par la Bible et par les Beatles, Charles Manson fonde une communauté hippie en 1969: la Famille. Pour commanditer ses meurtres, il s'inspire de la chanson du White Album des Beatles, notamment de la chanson "Piggies".
L'auteur de la chanson, George Harrison, s'en prend aux "petits cochons", les pontes de l'establishment: pour Manson, ce dont ils ont besoin, c'est d'une bonne raclée. Le 9 août 1969, des membres de la Famille tuent chez elle l'actrice Sharon Tate, ainsi que 4 personnes présentes sur les lieux. Les psychiatres seront formels, Charles Manson ne souffre d'aucune maladie mentale.
Ike Turner, bourreau bipolaire
Ike Turner est aussi connu pour sa musique que pour avoir maltraité sa femme, Tina Turner. Brûlures de cigarettes, café bouillant renversé sur la peau, tabassage... l'auteur de "Rocket 88" est un bourreau drogué jusqu'à la moelle.
Au milieu des années 90 Ike Turner fait le bilan : en 15 ans, il a dépensé 11 millions de dollars en cocaïne, substance qui aggrave sa bipolarité. "Ma mère entrait dans de grosses rages avec moi, elle me frappait et puis m'embrassait m’appelant ‘sa jolie petite fille’." raconte-t-il à l'époque. Ike Turner meurt en 2007 en Californie de cause inconnue.
Anton Newcombe, drogué paranoïaque
Dans le film " Dig ! ", docu-fiction paru en 2004 qui met en scène la rivalité légendaire entre les Dandy Warhols et les Brian Jonestown Massacre, Anton Newcombe est un drogué bipolaire qui a tendance à partir hors de contrôle. "C'est le prix à payer pour faire la révolution", explique-t-il.
Le leader du groupe californien Brian Jonestown Massacre est susceptible et la plupart du temps imbibé, entre autres, d'alcool. La paranoïa le gagne.
Il vire à tour de bras ses musiciens, sans aucune explication. Pendant les concerts il frappe son public ou son guitariste, si celui-ci ne joue pas comme il faut. Pas rancunier, Courtney Taylor-Taylor des Dandy Warhols attribue à Anton Newcombe une belle étiquette: "le musicien le plus dingue et le plus doué que j'aie jamais rencontré". Aux dernières nouvelles, Anton Newcombe vit à Berlin, ses problèmes de drogue sont derrière lui et il se concentre sur l'apprentissage de l'allemand.
The Cramps, les brouilleurs de pistes
En 1978 aux Etats-Unis les Cramps donnent un concert dans un hôpital psychiatrique : le Napa State Mental Hospital. Ils font un carton. Les patients montent sur scène, c'est un peu chaotique, mais très vite, le groupe de rockabilly fait sauter les frontières. Qui sont les fous ?
Sujet radio: Chrystelle André/Adaptation web: ms